Tout un Monde ! L’IFLA et son 80e Congrès Mondial des Bibliothèques et de l’Information en août 2014 à Lyon

Publié le 4 janvier 2014, par Françoise Vanesse, Sylvie Hendrickx


Chaque année au mois d’août, l’IFLA, International Federation of Library Associations and Institutions, organise un Congrès sur un continent différent. Alors que, très souvent, ces manifestations se déroulent dans des pays lointains ; cette année, c’est la ville de Lyon qui a été choisie pour accueillir ce 80ème Congrès des Bibliothèques et de l’Information. L’événement est de taille ! En effet, l’organisation d’un Congrès de l’IFLA en francophonie est extrêmement rare. Conscientes du caractère exceptionnel de l’événement, nos deux associations professionnelles, l’APBD et la FIBBC, ont accueilli ce 9 décembre dernier, Annie Dourlent, représentante de l’IFLA pour la France. Dans un esprit de partage et de convivialité, celle-ci a présenté à une quarantaine de bibliothécaires présents les missions et les rouages de cette grande machine qu’est l’IFLA ainsi que l’opportunité que représente la tenue de ce Congrès en un lieu si proche. Parallèlement à cette intervention et en dialogue avec Annie Dourlent, Chantal Stanescu, directrice adjointe de la Bibliothèque centrale pour la Région de Bruxelles-Capitale a livré l’expérience très concrète de ses participations aux différents Congrès antérieurs de l’IFLA. Quant à Jacques Hellemans, bibliothécaire responsable de la Bibliothèque d’économie et de gestion à l’ULB, il nous a présenté en tant que représentant de l’Association Internationale Francophone des Bibliothécaires et Documentalistes (AIFBD), les objectifs et le programme d’un congrès satellite à celui de l’IFLA.
Dans les lignes qui suivent, voici, sous forme d’abécédaire, le compte-rendu de cette rencontre.

P comme Portrait

Organisme de dimension internationale créé en 1927, l’IFLA regroupe aujourd’hui près de 1600 membres : principalement des associations de bibliothécaires mais également des bibliothèques en tant qu’institution et des bibliothécaires adhérant de manière individuelle. L’ensemble de ses membres se répartit dans non moins de 150 pays différents ! Ces chiffres pourraient donner le vertige mais, que l’on ne se trompe pas, le caractère imposant de la machine IFLA n’est pas synonyme de sclérose éventuelle. Bien au contraire ! l’IFLA, malgré son grand âge, est un organisme bien vivant, dynamique, aux horizons larges, qui bouge, interpelle et mobilise dans le domaine des sciences de l’information. Cette grande ouverture se couple d’une extrême diversité des bibliothèques qu’elle entend fédérer : bibliothèques publiques, académiques, de recherches, spécialisées …

P comme Porte-parole

La vocation première de l’IFLA consiste à promouvoir et défendre les intérêts des bibliothèques, des services d’information ainsi que des usagers. Cet organisme effectue pour ce faire un important travail de représentation des bibliothèques auprès d’organismes internationaux tels que l’Unesco ou encore l’OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle). Des questions aussi essentielles pour les bibliothèques que celle du droit d’accès aux ressources électroniques ou des droits d’auteurs sont ainsi portées au niveau international par l’IFLA. Une voix d’autant plus déterminante pour les professionnels des bibliothèques que ceux-ci n’ont pas toujours le temps et la possibilité de suivre ces questions dans leur travail quotidien.

R comme Réflexion

L’IFLA mène une réflexion sur les missions des bibliothèques au niveau international. Elle s’intéresse à de nombreux aspects de la bibliothéconomie depuis le web sémantique et tous les aspects techniques de l’informatisation des bibliothèques jusqu’aux services aux populations multiculturelles en passant par les bibliothèques pour les enfants, la liberté d’accès à l’information, la gestion des connaissances … Ces multiples préoccupations sont examinées par l’une des 42 sections de recherche et de réflexion que compte à ce jour l’IFLA. Ces sections mènent de nombreux travaux de recherches et publient, notamment en ligne, des documents-ressources susceptibles d’aider et d’inspirer les bibliothécaires dans leur travail au quotidien.

M comme Mouvement

Malgré la diversité des sujets abordés par les sections, il arrive que des questions ne soient pas traitées. Dans ce cas, les membres motivés peuvent se mobiliser et créer un groupe d’intérêts spécialisés. Dernièrement, c’est la question des peuples indigènes ou encore celle du développement durable dans les bibliothèques qui a fait l’objet de la création de nouveaux groupes d’intérêts spécialisés, démontrant ainsi le caractère vivant d’un organisme en constante évolution.

C comme Congrès

Chaque année, un Congrès international (WLIC : World Library Information Congress), point d’orgue du travail effectué pendant l’année par les sections et groupes d’intérêts spécialisés, est organisé. Cette année, c’est la ville de Lyon qui a été choisie pour accueillir du 16 au 21 août 2014 la 80e édition de ce Congrès. C’est un véritable évènement pour la France qui n’avait plus accueilli cette manifestation depuis 25 ans mais également pour ses pays frontaliers au vu de l’ampleur de cette organisation : 7 jours de congrès et près de 400 communications ! Mais également un salon professionnel de haut niveau avec de nombreux exposants de multiples nationalités, des moments conviviaux, une soirée culturelle ainsi que des circuits de visites de bibliothèques. L’organisation du prochain congrès en Europe aura lieu dans trois ans.

C comme Confluence

Cette édition 2014 du Congrès a choisi pour thème : « Bibliothèques, citoyenneté, société : une confluence vers la connaissance. » Et l’on s’attend effectivement à une belle affluence cet été à Lyon avec l’arrivée de 35 000 congressistes : « des centaines de traditions culturelles, de conception du monde et de vision de la vie en société. Une expérience unique riche humainement et professionnellement », explique Annie Dourlent.

M comme Multilinguisme

Avec sept langues officielles (l’anglais, le français, l’espagnol, l’allemand, le chinois, l’arabe et le russe), l’IFLA inscrit clairement le multilinguisme comme l’une de ses préoccupations clés. Force est cependant de constater que dans les faits l’anglais reste la langue de communication dominante au sein de l’IFLA que ce soit à travers son site internet (exclusivement en anglais mais partiellement en cours de traduction en français) ou lors d’une majorité d’interventions au Congrès. Ainsi sur 400 communications, il faut s’attendre à trouver environ 10% d’interventions en français contre 70% en anglais. Beaucoup de sessions sont cependant traduites et le déroulement du Congrès de Lyon pourrait également influencer cette proportion.

P comme Présence francophone ???

Selon Jacques Hellemans de l’Association Internationale Francophone des Bibliothécaires et Documentalistes (AIFBD), le constat est là : « La littérature professionnelle qu’il s’agisse des revues internationales de bibliothéconomie ou de la recherche en sciences de l’information est très majoritairement anglophone. Il en résulte que la réalité des bibliothèques francophones est relativement méconnue sur le plan international. » Le Congrès lui-même, comme en témoigne Annie Dourlent, est largement dominé par le monde anglophone (Angleterre, Etats-Unis, Australie…) ainsi que par les pays scandinaves et asiatiques. Dans ce contexte, il est d’autant plus crucial pour les bibliothécaires francophones d’être présents, de se regrouper pour mieux assurer la présence et la visibilité sur le plan international des réalités francophones. A ce sujet, Chantal Stanescu, bibliothécaire qui assiste régulièrement aux Congrès nous rassure : « Soyons convaincus que nous, bibliothécaires francophones, avons également des expériences et un savoir-faire à livrer sur le plan international. Nos bibliothèques sont, par exemple, parmi les plus avancées en matière de réflexion sur la lecture aux tout-petits. »

C comme Coopération

Le Congrès de l’IFLA, surtout lorsqu’il se déroule à nos portes, apparait comme une chance unique de rencontrer des bibliothécaires du monde entier. Il se veut un temps de réflexion sur son métier et sa pratique professionnelle à travers la confrontation avec l’altérité, avec l’expérience et les façons de faire qui se vivent ailleurs. Les rencontres personnelles réalisées au cours de ces sept jours de Congrès sont autant d’occasions de créer des contacts, de développer des échanges pour nouer des coopérations futures. L’une des missions de l’IFLA est d’ailleurs d’encourager cette coopération des bibliothèques entre elles. A cette fin, elle propose également via son site, des expériences de jumelages entre bibliothèques de différents pays, notamment nord-sud.

C comme Communication

De décembre à fin janvier, l’IFLA lance auprès des bibliothécaires, via son site internet, une série d’appels à la communication sur différents sujets. En marge de ces présentations frontales, l’IFLA propose une autre formule de participation, plus conviviale, une « Avenue des affiches ». Il s’agit là d’une autre façon d’être présent au Congrès sur le plan du contenu. Une allée contenant de 130 à 140 « posters » permet aux visiteurs de dialoguer avec des bibliothécaires désireux de partager une initiative intéressante, innovante qu’ils jugent digne d’intérêt. Les sujets des affiches doivent être soumis à l’IFLA avant le 3 février 2014.

C comme Coût

Participer à un tel Congrès a un coût, bien évidemment. Prévoir plus ou moins 450 euros (voir plus de détails sur le site). Mais finalement, est-ce si cher quand on sait que cette somme vous donne accès à un nombre important de conférences pendant six jours et de visites de bibliothèques (transport pris en charge). Il ne vous reste donc plus qu’à persuader votre pouvoir organisateur de vous soutenir dans votre élan… ou à introduire une demande au Service de la Lecture publique de la FWB. Mais les espoirs sont minces au vu du budget actuel dont ce Service dispose… Dommage car les bibliothécaires belges francophones sont trop peu, voire pas du tout, présents à ces Congrès ! Et comme le souligne Chantal Stanescu, « Une telle participation permet de prendre la mesure de ce que nous sommes, de prendre connaissance des grands courants internationaux, de mieux cerner comment on travaille ailleurs et d’opérer ainsi une véritable radioscopie permettant de nous situer dans le monde des bibliothèques. C’est également une belle occasion de valoriser et de communiquer sur notre travail ce que nous n’avons pas suffisamment l’habitude de faire ».

M comme Marge

En marge du Congrès de l’IFLA, qui attire des milliers de personnes venues des quatre coins du monde, se mettent en place ce que l’on appelle des conférences satellites. Celles-ci se déroulent avant ou après le Congrès dans des lieux géographiquement proches de la ville qui l’accueille et visent à en approfondir un thème. En 2014, elles se dérouleront à Paris, Nancy, Strasbourg ou encore Birmingham… A ce sujet, Jacques Hellemans, nous présente le Congrès triennal de l’Association Internationale Francophone des Bibliothécaires et Documentalistes (AIFBD) qui se tiendra du 23 au 25 août 2014 sur le thème « Francophonie, bibliothèques et confluences ». Ce Congrès satellite se veut purement francophone mais de dimension internationale. Il nous invite à rencontrer nos collègues d’Afrique francophone, du Québec, de France… L’AIFBD est également active dans l’organisation des rencontres de participants francophones au cours du Congrès de Lyon et travaille à la traduction des communications en langues étrangères. Un tableau de bord des traductions des textes des éditions précédentes du Congrès IFLA est d’ailleurs disponible sur le site AIFBD.org

Informations

Site de l’IFLA : http://conference.ifla.org/ifla80/ (appel à communication, inscription, mailing…)
Informations en français via le site du Comité français international des bibliothèques et documentation : http://www.cfibd.fr/IFLA-2014-A-LYON.html
Page Facebook : WLIC IFLA 2014
Vous pouvez également consulter l’article que Chantal Stanescu a consacré au dernier Congrès de l’IFLA organisé à Helsinki dans Revue Lectures, n°178, pp. 6-17.