Robinson

Publié le 17 octobre 2017, par Sylvie Hendrickx


Une immersion dans l’intimité d’une relation particulière entre un père et son fils

DEMOULIN Laurent, Robinson, Gallimard, 2016

Chargé de cours au sein de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’ULg, Laurent Demoulin nous avait déjà touchés par ses écrits poétiques qui mettaient en lumière une grande sensibilité et un véritable amour de la famille. Souvenons-nous par exemple de Filiation ou de Même mort. Aujourd’hui, il publie son premier roman, Robinson, dans la collection « Blanche » des éditions Gallimard. Il y évoque la relation particulière qu’il entretient avec son plus jeune fils, Robinson, un enfant « spécial » et solitaire âgé de 9 ans : « Mon Robinson, sans mot, sans surprise et sans fard […] parfois, je ressens le désir de rejoindre ton île ». La solitude de Robinson est celle de sa maladie : Robinson est autiste.

Dans un langage franc et poétique, Laurent Demoulin livre son quotidien, sous forme d’une succession de scènes de vie, où chaque activité peut se transformer en épreuves : des courses au supermarché à la toilette de l’enfant. Pourtant, le lecteur ne décèle aucun apitoiement dans le propos de l’auteur, même lorsque celui-ci n’hésite pas à exposer des instants de découragement, que l’amour inconditionnel qui l’attache viscéralement à son fils vient contrebalancer. Au fil des pages, l’auteur interroge cette relation fusionnelle et en vient à bouleverser les codes de sa propre généalogie : Robinson, cet enfant toujours présent, ne devient-il pas son double ? Des choix narratifs judicieux rendent la lecture du roman bouleversante. Comme ce parti-pris simple et efficace d’avoir fait de l’autisme et de la vie telle qu’elle est vécue « sans mensonge, sans ruse, dans la transparence de son immobilité », les véritables héros du roman.

Laurent Demoulin livre ici une belle leçon de vie et… d’écriture.