Journal d’un lecteur

Publié le 24 novembre 2008, par Gérard Durieux


Des pages conviviales et éclectiques de ce passeur de textes, "citoyen du monde" qui invite à lire intimement, à penser ample et à vivre dans l’intense !

MANGUEL Alberto, Journal d’un lecteur, Babel 746, 2004

Entre Juin 2002 et Mai 2003, A. MANGUEL décide de relire chaque mois un de ses livres de prédilection. Ce critique foisonnant, essayiste et romancier, converse ici avec les plus grands : Kipling, Conan Doyle, Goethe, Cervantès, Buzzati... Après Une histoire de la lecture (2000) et avant La Bibliothèque, la nuit (2006), c’est un régal que ces notes érudites, légères et souriantes.

Chaque œuvre suscite en effet « un dialogue imaginaire » riche de souvenirs littéraires, d’associations libres, d’anecdotes, de citations, de réflexions sur l’actualité internationale ou la société, de digressions sur l’Art, de confidences qui donnent au texte l’allure d’un journal intime. L’humour familier de ces pages invite à participer à notre tour au vaste « commentaire » que constituent ces lectures en réseau, à nous immiscer au cœur de cet échange secret entre un lecteur et un auteur. A en inaugurer de nouveaux.

C’est que la confondante culture de l’auteur éveille sans écraser. Le propos n’est pas celui d’un spécialiste reclus. C’est la parole d’un « citoyen du monde », argentin naturalisé canadien, vivant en Poitou, polyglotte, voyageur infatigable, immensément curieux.

Le livre, pour l’intellectuel qu’est MANDEL, ouvre sur le monde. Si la lecture est une tâche confortable, solitaire, lente et sensuelle, elle est aussi et surtout un « commentaire » qui incite à exister, à regarder à neuf le « triste chaos du monde ». Et « la bibliothèque est un reflet du monde, mais un reflet optimiste, réorganisé, repensé pour lui donner une structure narrative ».
Car même s’il se peut que les livres ne changent rien à nos souffrances, ils nous offrent pourtant, assure cet « animal lecteur cosmopolite », la possibilité d’une illumination. Chaque lecteur se découvrant ainsi en quête « d’une ombre de compréhension ».

Les pages de ce passeur de textes, convivial et éclectique, invitent à lire intimement, à penser ample, à vivre dans l’intense. Assurément, elles font ce qu’elles disent, opèrent en nous l’élargissement des horizons qu’elles invoquent.