Publié le 14 septembre 2015, par
Développer un projet sur le thème de l’interculturel et de l’intergénérationnel , inviter les participants, petits et grands, à donner naissance à des totems grandeur nature reflétant leur personnalité, leurs goûts mais également l’image qu’ils souhaitent offrir à ceux qui les entourent : tels furent les objectifs de ce dialogue artistique proposé par le CEC de La Marelle en partenariat avec le théâtre liégeois de La Courte Echelle.
Certains albums de jeunesse, grâce à l’univers artistique qu’ils recèlent, constituent des tremplins pour la création de spectacles, d’expositions ou d’ateliers d’expression écrite voire graphique. Ces expériences, nées en parfaite correspondance avec l’esprit du livre, permettent souvent à celui-ci de rayonner en dehors des frontières de ses pages et, par conséquent, de fédérer un public plus large. Côté classique, on se souvient avec bonheur du si touchant Hulul, personnage né sous la plume d’Arnold Lobel, et devenu encore plus familier grâce à la magie de la mise en scène de la Compagnie du Papyrus. Les exemples d’albums débouchant sur la mise en place de projets artistiques par des associations ou des bibliothèques sont légion.
C’est ce même esprit qui anime Myriam Hick, une des animatrices du CEC de la ludothèque La Marelle. Toujours à l’affût d’une source d’inspiration pour concevoir les projets de ses ateliers, celle-ci puise, dans certains albums de jeunesse, des idées dont elle s’empare pour les faire vivre avec sa sensibilité d’artiste. Il y a quelques années, en partenariat avec le théâtre La Courte Echelle, bien connu du public liégeois, différents projets ont été mis sur pied à partir du spectacle inspiré du célèbre album de Wolf Erlbruch, Remue ménage chez Madame K. Ainsi, parallèlement à ce spectacle, Myriam a proposé un Jeu de coopération ainsi qu’une exposition reprenant les différents acteurs si attachants de cet album emblématique.
Récemment, c’est l’album La famille Totem des Editions Rue du monde qui a suscité son enthousiasme(1). La dimension citoyenne, chère à la maison d’édition dirigée par Alain Serres, a d’emblée semblé en totale adéquation avec le thème de l’interculturel et de l’intergénérationnel autour duquel l’animatrice souhaitait développer son projet. Quant aux illustrations très originales, elles ont permis de finaliser un projet d’expression graphique en parfaite correspondance avec les techniques abordées dans l’album. Ainsi, toujours en lien avec le Théâtre de La Courte Echelle, un projet a vu le jour au départ de ce livre : solliciter les participants, petits et grands, à donner naissance à des totems grandeur nature reflétant leur personnalité, leurs goûts mais également l’image qu’ils souhaitent offrir à ceux qui les entourent ainsi que les liens qui les unissent.
Au départ de cette animation, une photo du visage de chaque participant est nécessaire. Celle-ci est retravaillée au préalable par l’animatrice qui lui donne un effet légèrement ombré. Ces nuances permettent de garder un contact avec la réalité (forme du visage, regard, traits principaux) tout en laissant l’occasion au participant d’intervenir et d’ajouter des notes plus expressives. Cette photo est ensuite imprimée en noir et blanc dans un format correspondant à la taille réelle du visage de la personne.
Sur un grand mur, des bandelettes de feuilles en papier de max 30 cm de largeur sont disposées avec la tête à la bonne hauteur c’est-à-dire qu’elle correspond à la taille réelle du participant. Celui-ci est invité à se dépeindre dans un espace extrêmement limité, ce qui n’est guère facile. Et précisément, c’est cette importante contrainte technique qui débouche sur l’apparition de créations atypiques mais extrêmement riches. « Quand j’ai ouvert l’album, j’ai d’emblée été sous le charme de ce travail graphique qui me semblait très intéressant car celui-ci permet à chaque personnalité de se projeter de façon minimaliste et paradoxalement très complète. En effet, chaque planche est grandeur nature ce qui force l’auteur à se représenter tel qu’il est, réellement, ce qui est une démarche relativement rare… D’autre part, alors que l’espace en hauteur est en parfait accord avec la réalité, le déploiement qui est donné en largeur est quant à lui plus restreint : cette contrainte force l’artiste à concentrer son attitude, à se centrer sur sa personnalité et ainsi à mieux en saisir l’essence. C’est un travail exigeant qui présente l’avantage de ne pas travailler sur la miniature et qui force l’artiste à se projeter véritablement sur le support face à lui-même, véritable miroir. Chaque participant était bien entendu debout ».
Une fois que le visage et le corps ont pris vie, il reste encore une consigne : ajouter un objet qui caractérise le personnage présent sur le totem. Ensuite, une petite phrase, résumant sa personnalité, ses goûts et ses particularités, est inscrite en dessous du portrait totem. En finale, les grandes feuilles de papier sont collées sur du carton rigide, pouvant tenir debout ou rester fixe lorsqu’on l’adosse à un mur. Et ainsi prend vie cette nouvelle famille Totem, petit peuple de personnalités de tous âges, bien ancrées dans leur monde mais surtout nées de l’envie de donner vie à un autoportrait original mais également fruit de l’interaction avec les autres membres du groupe. « En effet, conclut Myriam, ce qui est également intéressant dans ce projet, outre l’aspect artistique, c’est l’interaction qui a eu lieu entre les différents membres de la tribu ! Chacun disait à l’autre comment il le voyait, donnait son avis sur la personnalité de l’autre et cette dynamique était très riche ». En fin de parcours, cette grande famille fut exposée à la Fête du Jeu pour peupler la cour de récréation et l’habiller, d’une présence insolite, très artistique et citoyenne… un peu comme un miroir des Editions Rue du monde…
(1) A. SERRES, L. CORVAISIER, La famille Totem, Rue du monde, 2002
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