Publié le 9 janvier 2023, par
Alors que la crise en Ukraine confronte le public, dont les professionnels de la documentation, à une déferlante inédite de désinformations, consacrer du temps à s’équiper pour mieux comprendre la dynamique des conflits internationaux actuels s’avère très positif. Nous épinglons une formation organisée le 17 septembre dernier par la FIBBC, en partenariat avec l’association d’éducation permanente « Justice et Paix », et intitulée « Comprendre les conflits internationaux : la guerre en Ukraine ».
Pas un jour ne se passe sans que l’impitoyable actualité, dont le conflit ukrainien, se rappelle à notre cerveau et à notre indéfectible et combien légitime besoin de compréhension ! Malheureusement, appréhender les arcanes qui sous-tendent ce conflit s’avère une mission délicate et très chronophage. D’autant plus que celui-ci s’enracine dans un enchevêtrement d’événements passés qui font appel à une solide connaissance historique couplée à une acuité à démêler les notions de géopolitique. Face à un tel contexte, s’informer et s’équiper de lunettes critiques pour mieux lire et analyser ces conflits restent une priorité et ce, encore davantage pour les bibliothécaires ! En effet, confrontés aux questionnements de leurs usagers, ceux-ci sont en recherche d’orientations bibliographiques mais aussi de pistes concrètes pour organiser des rencontres voire des animations dans leur bibliothèque.
C’est dans cette mouvance que s’inscrivent les participants à cette journée de formation prise en charge par « Justice et Paix » : une association d’éducation permanente qui a, notamment, pour objectif de sensibiliser les citoyens sur les thématiques des conflits internationaux. Pour mener cette mission, l’association publie des analyses et des plaidoyers et organise des conférences mais également des réunions avec des volontaires qui réfléchissent et proposent des orientations d’actions. Outre cette action sur le territoire belge, l’association, en tant qu’ONG, tisse de nombreux liens à l’international et ce, dans une perspective d’élaboration de perspectives et de solutions.
Cette formation est prise en charge par trois collaborateurs de « Justice et Paix » : Mila Gatti, responsable de l’association, Alejandra Cardona, en charge de la prévention des conflits et gestion des problématiques avec les différents partenaires, ainsi que Laure Didier, responsable pédagogique. D’emblée, celles-ci abordent la thématique de la critique des sources d’informations. Elles rappellent l’importance de toujours veiller, bien entendu à les identifier, mais également à les diversifier. A ce titre, pourquoi ne pas envisager, avec les usagers de nos bibliothèques, l’organisation d’ateliers articulés au départ de différents journaux traitant la même actualité afin de voir en quoi les interprétations ou les points de vue diffèrent en fonction de leur ligne éditoriale. Dans ce registre, il est important de citer, tant le Courrier international, qui reprend et traduit des articles de la presse internationale, que Le Monde diplomatique, réputé pour sa grande qualité et l’importance accordée à l’analyse via le prisme de la géopolitique.
Et c’est notamment de cette notion de géopolitique, si prépondérante au niveau de l’analyse des conflits, qu’il fut question au cours de la matinée : le tout étayé par différentes mises en activité des participants dans le but de les sensibiliser à une approche critique de certaines sources. Parmi celles-ci, les cartes géographiques au départ desquelles il peut être très éclairant de construire des animations avec les usagers. En effet, chaque carte ou planisphère pose un regard subjectif sur la représentation du monde. Quelques participants affirment pouvoir répercuter cette lecture critique avec leur public dont des adolescents. Toujours dans cette même dynamique de mise en activité et de travail de groupe, on notera l’intéressant jeu développé au départ d’un photolangage et destiné à inviter les participants à cerner les différences existant entre les conflits du XXème siècle et les conflits actuels. On remarque notamment que les conflits inter-étatiques sont plus rares aujourd’hui et que l’Ukraine fait donc bien figure d’exception.
L’après-midi est davantage consacré à la présentation de la géopolitique de l’Ukraine, de la Russie et de ses différents enjeux. Au vu de l‘ampleur de la thématique, on pointera plus spécifiquement un travail de groupe permettant aux participants d’échanger de manière objective grâce au jeu « l’Arbre aux conflits ». Celui-ci consiste à déconstruire le conflit via un travail de recherche documentaire et souligne l’importance de catégoriser ses connaissances. A une époque où un trop plein d’informations menace chacun d’entre nous, ranger chaque info à sa juste place peut en effet s’avérer salvateur…
En conclusion, cette journée très dense, au vu de l’ampleur de la thématique, se déroula donc sous la houlette très professionnelle de cette équipe de « Justice et Paix » : non seulement détentrice d’une bonne connaissance de la question des conflits internationaux mais également ouverte au partage, à l’écoute et à la mise en questionnement des participants. Ceux-ci, en grande majorité, se sont montrés très convaincus tant par le contenu que la méthodologie et repartent avec des orientations pour aborder cette question avec leurs usagers et des pistes pour l’organisation d’ateliers. Néanmoins, certains pointent une cadence parfois un peu dense et un objectif fort ambitieux à atteindre en une seule journée. Tous soulignent la pertinence de la thématique de cette journée de formation et sont demandeurs de prolongements.
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