Maison-tanière

Publié le 25 juin 2021, par Eloïse Steyaert


Le récit d’un retour à soi, dans l’expérience de la solitude.

DELABROY-ALLARD Pauline, Maison-tanière, L’Iconoclaste, 2021

Pauline Delabroy-Allard est professeure-documentaliste et jeune autrice couronnée par le Prix France-Culture Télérama en 2018 pour son premier roman Ca raconte Sarah. Ici, on la découvre poétesse avec Maison-tanière tout fraîchement paru dans la collection « L’Iconopop ». Elle nous offre en fait « l’avant » et « l’après » du succès critique et médiatique qu’a soulevé son premier roman.

La Maison-tanière, c’est une vieille bicoque du Sud de la France dans laquelle Pauline Delabroy-Allard s’est exilée trois semaines. La première fois, pour consacrer du temps à la mise en route de sa propre écriture. La deuxième fois, deux ans après, pour se remettre de l’épuisement que la tournée marketing du roman a suscité.
Le recueil est ainsi composé de deux parties, de deux écritures différentes, par l’ambiance et par le contexte de création. Par la proposition artistique également : un dyptique texte-photograhie, où l’on découvre la maison par les mots, les images mais aussi par le son. Car si l’autrice a vécu dans l’isolement volontaire, les notes des vinyles retentissaient tous les matins pour lui donner l’impulsion des premières phrases du jour.

Lire ce recueil, c’est donc lire le retour à soi pour créer, se redécouvrir dans le silence, les temps morts. C’est aussi revenir dans ce lieu que l’on a apprivoisé, avec une autrice transformée qui ressent le besoin impérieux de se « maintenir vivante ».
Deux écritures différentes qui finalement se rejoignent en quelque chose qui constitue la patte de Pauline Delabroy-Allard : le parler-vrai, le parler-organique, le parler qui ramène aux sensations. Tous les textes décrivent le temps long, ralenti, les rythmes et environnements inhabituels qui deviennent familiers. Un exercice de style qui ne laisse pas indifférent : oui, cette Maison-tanière, elle nous parle intimement, elle fait écho. Ce n’est peut-être pas le Sud, les poules, les marchés, l’air chaud mais ce temps fermé, nous l’avons connu nous aussi récemment.