Grainothèques : il faut qu’on sème !

Publié le 29 mars 2023, par Françoise Vanesse

La province de Luxembourg dénombre sur son territoire un enthousiasmant bouquet de grainothèques organisées par une vingtaine d’opérateurs directs disséminés sur son territoire ! Si ces bibliothécaires sont particulièrement motivés par ce projet, ils sont également conscients de la nécessité de disposer, en ce début de printemps, d’orientations nouvelles afin, d’une part de relancer cette dynamique et, d’autre part, de mieux se fédérer afin de ne pas essaimer…

Comme l’a démontré une enquête de type exploratoire entreprise de 2017 à 2021 par notre association professionnelle, la fibbc, (et dont les résultats sont consultables sur notre site www.fibbc.be), des bibliothécaires, toujours plus nombreux en Fédération Wallonie-Bruxelles, se mobilisent autour des projets de grainothèques. Dans cette optique, le retour de la belle saison reste un moment clé pour recharger les batteries et faire le plein d’idées. Pour rappel, la grainothèque ne doit pas être envisagée comme un simple échange de graines ! Mais davantage comme un projet plus global permettant aux bibliothécaires, d’une part de répondre aux questionnements de leurs usagers vis-à-vis de problématiques sociétales cruciales : l’environnement, le développement durable ou l’importance du jardinage écologique ; mais aussi de tisser des partenariats, de joindre de nouveaux publics et de mettre en place des projets de développement de pratiques de lecture. C’est dire, au vu de cet éventail de perspectives et d’objectifs inclus bien légitimement dans le Plan de développement de chaque institution participante, si le projet et l’investissement en valent la peine !

Cette expansion des grainothèques n’est pas le fruit du hasard ! Celle-ci s’explique, notamment, par la motivation du personnel en place, les attentes croissantes des usagers en la matière mais également la politique d’aide et d’appui de différents services. En effet, si les objectifs poursuivis par ces grainothèques sont aujourd’hui de mieux en mieux identifiés, il reste néanmoins beaucoup d’embûches sur le chemin des bibliothèques désireuses de s’y impliquer. Parmi ces difficultés, la prépondérante est liée à l’aspect très chronophage de ce projet multifacettes et ce, face aux autres missions assumées par les bibliothèques. Dans cette perspective, l’accompagnement, l’appui et l’orientation vers de nouvelles ressources, soit bibliographiques ou de partages d’expérience, restent la clé pour ne pas s’essouffler.

Parmi ces accompagnements, celui de la Bibliothèque centrale de la Province de Luxembourg avec le réseau « Grainothèques de Bib’ » : unique initiative de centralisation de ces projets en Fédération Wallonie-Bruxelles. Afin de fédérer son réseau, l’opérateur d’appui a mis sur pied et ce, depuis 2016, des initiatives plurielles qui visent à venir en soutien à un maximum de professionnels proposant ce service d’échange original et atypique : organisation de formations, dont certaines en collaboration avec notre association, journées d’informations mais également mise à disposition d’expositions, de matériel de communication et de flyers informatifs communs. Tous ces dispositifs permettent aux bibliothécaires de constituer un solide maillage et donc de mieux légitimer et pérenniser leurs actions.

C’est dans le cadre de ce dynamique réseau que se déroulait, ce jeudi 9 mars dans les locaux de la Bibliothèque centrale de Marche-en-Famenne, une matinée de formation assurée par Catherine Renson, bibliothécaire en charge des différentes actions coordonnées par la Bibliothèque centrale pour soutenir un programme commun de promotion de la lecture centré sur les graines et les grainothèques. Si la pluie battante avait accompagné le parcours des bibliothécaires présents, l’ambiance était malgré tout au beau fixe. Et, c’est dans un climat constructif de partages et de renouveau, que Catherine Renson accueille le groupe. « Chaque printemps, il est nécessaire d’attirer à nouveau l’attention sur cette thématique, explique-t-elle. Et, même si ce projet doit idéalement s’envisager dans une temporalité annuelle, le mois de mars reste toujours une période idéale pour réalimenter, non seulement le fonds d’idées et d’animations mais aussi le réservoir d’orientations bibliographiques ».

Et en matière d’orientations bibliographiques, le début de cette matinée est consacré à l’appropriation critique d’un premier support de sensibilisation à la lecture et aux légumes du jardin pour les tout-petits. Ceux-ci, citoyens de demain, constituent un public qu’il est en effet utile de sensibiliser à ces thématiques. Comme en atteste l’album Coucou de Nathalie Paulhiac, diffusé dans le cadre de l’opération La Fureur de Lire et du Plan Lecture. L’auteure s’empare de la comptine Mon petit lapin, la revisite et en offre une nouvelle déclinaison qui convie le jeune lecteur à un insolite et amusant voyage : une vivifiante proposition tant au niveau documentaire que poétique ! Au cours d’une présentation critique de cet album, la formatrice pointe non seulement ces spécificités aux niveaux langagier et graphique mais présente également aux participants les multiples portes d’entrées d’exploitation documentaires qu’il recèle. [1]

Ensuite, place aux lectures adultes en deuxième partie de matinée, avec cette rencontre de la rédactrice en chef du magazine L’Esprit Jardin aux éditions Weyrich, Violaine Marchal, présentant au groupe les publications de l’emblématique maison d’édition luxembourgeoise et cette revue diffusée à plus de 5000 abonnés. Un parcours qui a connu une belle évolution au niveau de ses objectifs et de sa méthodologie : sujets novateurs, rédigés par des professionnels en lien avec le jardinage dans une ouverture aux nouvelles techniques écologiques. L’occasion, pour les participants, de relayer les opinions de leurs lecteurs sur cette revue et les publications de cette maison 100% belge, de découvrir de nouvelles références et ainsi de prendre une place critique et constructive au sein du maillage de la filière du livre luxembourgeoise.

Cette matinée de formation et de partages se conclut par l’échange avec les participants autour du bilan « Bibliothèques et éducation relative à l’environnement. Les grainothèques ont la pêche en Fédération Wallonie-Bruxelles ! », présenté par la FIBBC, invitée à cette journée en tant qu’association professionnelle de bibliothécaires qui, depuis 2017, analyse, accompagne et valorise à travers ces formations, journées d’informations et récoltes de données de terrain, la dynamique des projets de grainothèques et leur inscription dans les missions contemporaines des bibliothèques. [2]