Publié le 22 décembre 2021, par
En septembre dernier, un petit groupe de bibliothécaires a participé à Namur à une journée de formation organisée par la FIBBC en partenariat avec l’Institut d’Eco-Pédagogie de Liège. Les objectifs ? Pouvoir mieux identifier ses émotions face aux récentes crises et ainsi être mieux armés pour mettre en place ses différents projets.
“L’émotion nous égare : c’est son principal mérite.” Certes, l’on pourrait disserter longuement au départ de cette citation d’Oscar Wilde et de ses multiples interprétations ! Néanmoins, dans le contexte qui nous intéresse, à savoir la gestion de nos ressentis face aux crises environnementales et sanitaires, il est évident qu’elle constitue une vivifiante introduction. En effet, alors que nous sommes préoccupés par certaines thématiques alarmantes qui instaurent inévitablement en nous différentes émotions négatives ou que nous faisons face à des événements perturbants, nous pourrions avoir tendance à nous en éloigner et à ne savoir comment les aborder tant celles-ci nous déstabilisent, voire parfois nous torturent. En bref, être sur le coup de l’émotion !
Les bibliothécaires, dans l’exercice de leur profession, doivent, eux aussi au quotidien, faire face à cette gestion de leurs émotions et ce, que ce soit dans la façon d’envisager et de construire leurs projets ou d’être en mesure d’échanger de façon sereine avec leurs usagers au sujet de ces thématiques. Parmi celles qui ont fait récemment leur entrée dans le débat public et qui laissent aujourd’hui de moins en moins indifférent : les changements climatiques, la chute de la biodiversité, les crises environnementales et, bien entendu, la crise du coronavirus et la vaccination… Ces sujets peuvent provoquer une palette d’émotions et de réactions complexes et variées. Or, il est important pour le bibliothécaire de tenter de rester le plus objectif possible, de déconstruire l’éco-anxiété et d’être mieux préparé pour accueillir le public en communiquant de façon non passionnelle avec celui-ci.
Afin de pouvoir passer à l’action, prendre du recul est donc indispensable. Mais, comme chacun a déjà pu l’expérimenter dans sa vie de tous les jours, un tel état d’esprit ne s’improvise pas ! C’est ainsi que la matinée fut consacrée à mettre les participants en situation d’émotions afin de leur faire prendre conscience de la très riche palette de ressentis qui existent et de tenter, quand ceux-ci surviennent, de pouvoir leur donner du sens. Ainsi par des mises en situation et divers jeux de rôle auxquels sont venus s’ajouter des apports théoriques, les participants sont amenés à comprendre que l’émotion surgit lorsque survient un décalage entre des croyances et la représentation de la réalité. Il est donc également indispensable de pouvoir interpréter les messages véhiculés par certains récits. Un sujet très intéressant pour le public présent, majoritairement des bibliothécaires, amené à côtoyer des récits qui, s’ils veulent être porteurs, doivent être mobilisateurs et non culpabilisants. Ceux-ci doivent en effet proposer des possibilités d’actions concrètes et réalistes ; valoriser l’individu ou le groupe et appuyer sur le moteur collectif.
L’après-midi fut consacrée à définir les différents cadrans dans lesquels chacun peut agir pour s’impliquer dans une société en transition. La position de chacun au cœur de ces différents moteurs d’action est déterminante car elle permet des projets mieux ciblés et donc plus appropriés aux attentes et ressources. Cette position clarifiée permettra à chacun de se situer dans sa propre dynamique d’action et de ne pas entremêler le professionnel et le personnel, par exemple !
Cette journée se déroula donc sous la forme d’un petit laboratoire. De plus, grâce à la méthodologie co-constructive proposée dans une ambiance très dynamique d’échanges et de mutualisation, chacun eut l’occasion de s’interroger, de réfléchir et de prendre conscience de modes de fonctionnement parfois inconscients. En effet, face à certaines problématiques sociétales voire écologiques, l’action est nécessaire et sans cette prise en compte de nos mécanismes récurrents, nos émotions ne cesseront de prendre de l’ampleur sous le feu de … notre inaction. Une inertie qui ne guida, à aucun moment, la dynamique de cette journée où chacun fut continuellement invité à faire bouger les lignes, à se remettre en question et, à penser à l’envers… Sans oublier d’imaginer ensemble des répercussions concrètes comme, par exemple, la mise sur pied de tables de conversation autour de cette thématique ou l’organisation d’ateliers philo. Sans aucun doute, une journée riche de questionnements et de possibles leviers car les nombreuses prises de consciences concernant les fonctionnements de notre intelligence émotionnelle auront, à coup sûr, des répercussions sur la façon d’appréhender et de construire nos différents projets.
Cette journée devrait être reprogrammée en octobre prochain au Centre de Documentation de l’Ourthe moyenne de Rendeux. Si vous souhaitez, dès à présent, manifester votre intérêt : francoise.vanesse@fibbc.be
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