Avec André Namotte, Président de la fibbc

Publié le 9 octobre 2021, par Françoise Vanesse, Sylvie Hendrickx


Ensemble pour la lecture

C’est à la Charlemagn’rie, une association d’éducation permanente et d’insertion sociale qu’il fonda à Herstal en région liégeoise en 1976, que nous rencontrons André Namotte. Avec sincérité et un important sens des responsabilités, cette personnalité originaire du monde politique mais davantage reconnue pour son engagement sans faille envers le monde associatif, échange avec nous autour de la nouvelle et délicate mission qu’il vient d’accepter en devenant le successeur de Jean-Michel Defawe à la tête de la fibbc. Il nous fait part de sa conception d’une gestion collégiale et sereine de l’asbl.

F.V. Il y a trois mois, vous avez accepté le poste de Président de la fibbc à la suite de Jean-Michel Defawe. Comment envisagez-vous cette succession ?

A.N. Pour être franc avec vous, je n’aurais jamais imaginé que j’assumerais un jour cette fonction d’autant plus que cette demande est arrivée de façon très inattendue dans mon parcours. En effet, le 1er mars dernier, j’ai pris ma retraite comme échevin de la Culture à Herstal, où j’ai siégé de 1989 à 2006 au sein du conseil communal ; puis je me suis retiré du parti que j’ai créé : EPH, Ensemble pour Herstal. Je considérais qu’il était temps de faire place à mes successeurs ! Cependant, l’annonce du décès de Jean-Michel et, par conséquent, la pérennité de l’ensemble de son engagement de longue haleine envers la défense du secteur de la lecture publique et les bibliothèques de droit privé, ne m’ont pas, vous vous en doutez, laissé indifférent !

S.H. Quels étaient vos liens avec Jean-Michel Defawe ?

A.N. Quiconque évolue dans le secteur de la Lecture publique, que ce soit au niveau de la FWB ou à un niveau local, connaissait Jean-Michel ! Personnellement, en tant qu’inspecteur de la Culture, j’ai régulièrement participé avec lui à différentes réunions notamment celles concernant l’intégration du Centre Multimédia Don Bosco dans le réseau de la Lecture publique liégeois. Je connaissais bien le secteur et nous étions de vieux copains de combats. Ensuite, on a été mobilisés ensemble autour de différents projets d’éducation permanente, on s’entraidait. On se contactait pour échanger nos tuyaux respectifs et voir comment chacun menait ses actions.

F.V. Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter la fonction de Président ?

A.N. Premièrement, ce qui m’a motivé, comme je vous le disais, c’est de permettre à l’action menée par Jean-Michel de continuer. Mais deuxièmement, j’ai accepté le poste de Président car je l’envisage, non comme un cheminement en solitaire, mais bien comme un travail d’équipe. Cette fonction, je vais l’assumer, de concert avec d’autres collègues qui, eux aussi, soutiennent la démarche et vont mener la barque avec moi : Freddy Renier, ancien inspecteur FWB, et Guy Marchal, bibliothécaire responsable au Centre Multimédia Don Bosco de Liège.

S.H. En cela, vous vous différenciez de la démarche de Jean-Michel Defawe qui était quelqu’un de très indépendant ?

A.N. Personnellement, je suis un défenseur de la collégialité et ce n’est pas un hasard si j’ai fondé le parti « EPH » : Ensemble pour Herstal. Selon moi, piloter seul est infructueux, seul on n’est rien : c’est du dialogue et de la confrontation que naissent les meilleurs projets. Le monde associatif, c’est toute ma vie, tout mon combat. J’ai débuté au Patro, tout jeune, et puis je n’ai cessé de continuer dans cette voie de l’associatif. J’ai fondé la « Charlemagn’rie » où nous nous trouvons aujourd’hui qui est une association en éducation permanente, reconnue en tant qu’organisme d’insertion socio-professionnelle par la Région Wallonne ainsi qu’en tant qu’école de devoirs par l’ONE. Elle a connu une belle évolution grâce à une gestion prudente. Le monde associatif, je n’ai jamais connu que cela ! Et je n’ai jamais vécu que là-dedans …

F.V. Et un peu de politique quand même ! Vous avez été échevin de la culture à Herstal, parlementaire wallon, membre de cabinets ministériels à la Communauté française. Mais, à vous entendre, cela ne semble pas être le pan de votre parcours que vous souhaitez mettre en avant ?

A.N. Vous avez raison ! Si je me suis engagé en politique c’est précisément pour mieux défendre ce qui me tient particulièrement à cœur : le monde associatif. Quand j’ai été parlementaire wallon, c’est parce que j’avais l’objectif de défendre l’associatif ; à la ville c’était la même chose. C’est la conduite de ma vie. Mon objectif, c’est que les gens se rencontrent, échangent ensemble, même s’ils ne sont pas du même avis : pour moi c’est cela l’associatif dans toute sa splendeur ! J’accorde également énormément d’importance aux mouvements de jeunesse qui me semblent un apprentissage de la vie capital. C’est donc mon engagement politique qui est venu se greffer sur cet engagement associatif premier et non l’inverse. Et c’est, une fois de plus, cet aspect de ma motivation qui m’a conduit à accepter, avec mes collègues, la mission de Président de la fibbc !

S.H. À l’heure actuelle, trois mois après votre entrée en fonction, quel est votre objectif ?

A.N. Il n’est jamais facile de prendre une succession, d’autant plus quand votre prédécesseur avait l’expérience et l’expertise du fonctionnement de son asbl comme l’avait Jean-Michel Defawe et ce, de très longue date. Actuellement et personnellement, je me sens très humblement en période de découverte et de mise en place d’une base claire et solide, indispensable pour continuer un serein cheminement. Une étape qui me semble cruciale pour nous permettre d’avancer et de plancher ensuite de manière encore plus constructive sur le développement et la poursuite de nos objectifs. Je ne suis pas un adepte de la précipitation et j’estime que nous sommes actuellement dans une période de transition, de construction d’un socle !

F.V. Quelles sont les compétences que vous souhaitez apporter dans la construction de ce socle ?

A.N. Sans hésitation, je suis persuadé que je peux être utile grâce à mon expérience des organisations et de leur gestion. J’ai de l’expertise dans la manière de voir les comptes et les budgets, essentiels pour moi. Je suis attentif aux prévisions et à une gestion saine, bien structurée, faite de cheminements garants. Cette philosophie de l’avancement serein constitue ma philosophie dans la gestion d’une asbl. Certes, notre objectif et préoccupation principale sont de permettre à la lecture de se développer mais il faut cheminer avec des garde-fous et savoir parfois tirer la sonnette d’alarme : pouvoir s’arrêter, reprendre son chemin et, surtout bien le baliser.

S.H. Outre cette expertise au niveau de la gestion des asbl, vous connaissez bien le secteur de la Lecture publique…

A.N. Oui, et même si ma carrière en tant que bibliothécaire aux Chiroux a été relativement brève (huit ans), je connais en effet très bien le secteur. J’ai assumé la fonction d’inspecteur de la Culture pour les bibliothèques situées en Province de Luxembourg plusieurs années durant. Ce fut un moment particulièrement riche dans ma carrière où j’ai pris, notamment, connaissance des difficultés de certaines bibliothèques paroissiales situées en milieu rural. Ce furent également et surtout de belles rencontres, de beaux échanges avec des bibliothécaires pleinement investis dans leurs missions. Plus proche de nous, j’ai œuvré à la création du réseau des Bibliothèques publiques de Herstal en 2008 : une intégration que j’estime partiellement réussie d’ailleurs pour les bibliothèques paroissiales que l’on a essayé de maintenir mais sans succès malgré notre envie d’ouverture.

F.V. Une volonté d’ouverture dont la fibbc va sans doute bénéficier aujourd’hui sous votre impulsion ?

A.N. Oui, notre assemblée générale s’est d’ailleurs récemment élargie avec de nouveaux bibliothécaires qui, déjà, nous ont rejoints et avec lesquels nous allons continuer à avancer. Nous irons davantage à la rencontre de nos membres et essayerons d’être mieux à leur écoute. Il nous faut en effet davantage de visibilité : mieux se faire connaître, aller davantage vers le terrain. Heureusement, notre petite revue de liaison « Biblirama » est un bon moyen de contact et beaucoup nous identifient grâce à elle.

S.H. Le programme de formations de la fibbc semble également un moyen efficace pour toucher les bibliothécaires et asseoir la visibilité de la fibbc ?

A.N. Oui, et c’est capital de travailler la spécificité de cette offre. Aujourd’hui, l’ensemble des bilans des participants à nos formations est très positif et nous touchons un nombre toujours accru de professionnels originaires de toutes les provinces. Je m’en réjouis grandement, il faut continuer et ne pas désemparer. Dans une vie professionnelle, il faut pouvoir se mettre en questionnements car le renouvellement des idées est fondamental. La formation continuée a d’ailleurs toujours fait partie de mes préoccupations et dans les différents cabinets ministériels où j’ai été engagé, c’était précisément toujours au niveau de la cellule « Formation ».

F.V. Quelles sont vos autres projets en guise d’ouvertures ?

A.N. Nous allons travailler encore davantage au renforcement des partenariats et travaux communs avec l’APBFB afin de porter les revendications du secteur. Une belle mutualisation qui s’avère déjà bien assise au sein du PILEn avec la participation de Guy Marchal, aux côtés de Françoise Dury, présidente de l’APBFB, afin de défendre et d’illustrer la promotion des bibliothèques au sein de l’écosystème du livre. La fibbc conserve cependant toute sa spécificité puisque nous sommes à la fois une association de bibliothécaires, mais également une fédération de bibliothèques. En ce sens, la fibbc a évidemment particulièrement à cœur la défense de toutes les bibliothèques, en tenant compte de leur grande diversité, qu’il s’agisse d’une diversité géographique, de statut, de taille, de structure, mais aussi de type de personnel employé. Notre volonté est notamment d’inclure davantage de bibliothèques des séminaires épiscopaux - qui ont une importante fonction de conservation et d’archivage - au sein du réseau de la Lecture publique.

S.H. C’est donc avec le terme « ouverture » que vous souhaitez terminer cette rencontre ?

A.N. Oui, cela me semble une conclusion qui correspond très bien à mon état d’esprit actuel et à mes objectifs. Ensemble, nous allons continuer à vivre parce que je pense qu’une fédération de bibliothécaires et de bibliothèques de droit privé doit être bien présente dans le secteur de la culture mais aussi de la Lecture publique. Cela ne veut pas dire « à part » mais « avec les autres » …