Nous sommes à la lisière

Publié le 17 décembre 2020, par Sylvie Hendrickx


Neuf nouvelles inspirées par l’urgence de se reconnecter à la nature.

LAMARCHE Caroline, Nous sommes à la lisière, Gallimard, 2019

Romancière, poétesse et nouvelliste, Caroline Lamarche vient d’être récompensée par le Prix quinquennal de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour l’ensemble de son œuvre protéiforme et résolument engagée ! Une dimension que l’on retrouve d’ailleurs pleinement dans son recueil Nous sommes à la lisière, lui-même couronné l’an dernier par le Prix Goncourt de la nouvelle. Ces neuf récits, portant chacun le nom d’un animal, mettent en scène une série de rencontres entre des humains en proie à des difficultés existentielles et des animaux sauvages ou semi-sauvages. Cette rencontre de l’altérité se révèle décisive et signifiante pour chaque narrateur : elle lui apporte consolation ou lui ouvre une réflexion libératrice ! Ainsi, le cheval nommé Mensonge qui emmène une fillette loin du monde trompeur des adultes ; cet écureuil croisé dans un cimetière qui semble compatir au deuil d’un enfant ou encore ce papillon trop tôt éclos, qui devient symbole d’un amour mort... Rassemblés par la thématique des liens souterrains qui nous unissent à la nature, ces nouvelles sont traversées par une forme d’urgence : Nous sommes à la lisière, nous dit l’auteure ! Ce lieu de rencontres, cet espace-frontière où nous nous trouvons, c’est notre monde en mutation et au bord de l’effondrement de la biodiversité. En effet, par son écriture sensible et poétique, Caroline Lamarche nous donne à voir une nature somptueuse, indomptable mais aussi menacée. Elle nous rappelle en outre que ce monde du vivant où tout est relié, interdépendant, mérite de recueillir plus intensément notre attention, comme l’ont expérimenté les protagonistes de ces récits. Ecrit sur plus de vingt ans et fruit de l’attention fine que l’auteure porte au monde, ce recueil nous invite en somme à renouer avec la puissante connexion de la nature en devenant « complices de quelques vies sauvages ».