7ème Salon du Livre de jeunesse de Namur du 19 au 23 octobre 2005

Nos histoires d’amour à l’occasion du "Salon du Livre de jeunesse de Namur "

Publié le 4 octobre 2005, par Françoise Vanesse


A l’occasion de ce Salon dont le thème est "Histoires d’amour", nous vous livrons dix albums coups de coeur en correspondance avec ce thème...

M. SELLIER, N. NOVI, Les douze manteaux de maman, Le Baron Perché, 2005

Quel intelligent regard d’amour !
Celui que porte cet enfant sur les changements d’humeurs, tantôt joyeuses tantôt mélancoliques, d’une maman aux douze manteaux.

Ceux-ci symbolisent l’éventail d’états d’âmes différents qui collent à la peau des mamans.

Le narrateur, avec délicatesse et respect, nous invite à pousser les portes de cette garde-robe bien étoffée...

Au rayon douceur, voici les manteaux de rose poudrée, arc-en-ciel ou dame tartine qui respirent les baisers papillons et qui sentent bon la brioche. Mais la grande armoire de maman recèle aussi des manteaux de glace, d’ombre ou de feu dont il est très déconseillé de s’approcher...

De courts textes poétiques répondent à des illustrations pleine page signées par Nathalie Novi qui nous offre, une fois de plus, une importante palette d’émotions, d’ambiances et de couleurs. Et les douze manteaux qu’elle nous invite à toucher au fil des pages sont un peu comme des tableaux qui dévoileraient leur personnalité au rythme des quatre saisons.

"J’aime ce superbe album car ce regard d’amour authentique est baigné dans une atmosphère intense et légère à la fois.
A mettre dans les mains de toutes les mamans !"
F.V.

Alain LE SAUX, La maîtresse n’aime pas, Rivages, 2000

Côté humour, poussons sans hésiter les portes de cette classe où vit un bien sympathique petit bonhomme à l’imagination inversement proportionnelle à ses mensurations !

Celui-ci, et ses camarades ( tous aussi ridiculement petits...) s’amusent à nous énumérer tout ce que la maîtresse n’aime pas... « la maîtresse n’aime pas que je me mouche dans sa jupe, que je vienne lire les notes par-dessus son épaule, que nous ayons tous envie de faire pipi en même temps ou que je montre mon zizi à mes copines ... ».

Une fois de plus, Alain Le Saux nous emmène dans son univers décapant , absurde et provocateur : pour le plus grand bonheur de tous les jeunes élèves qui se régaleront devant cette série d’épisodes qui collent si bien à leur quotidien...

Le jeu de disproportion de grandeur entre les adultes et les enfants , cher à cet auteur, apporte comme toujours beaucoup de force et de comique aux épisodes racontés.

"Impossible de ne pas craquer devant cette classe d’abominables lilliputiens, parfois même un peu subversifs, et de cette maîtresse imposante aux allures un peu démodées mais qui paraît tellement tolérante..." F.V.

BENAMEUR Jeanne et COUPRIE Katy, Prince de naissance attentif de nature, éditions Thierry Magnier, 2004

Un petit prince « attentif de nature » est appelé à devenir roi. Enfant, il faisait bien attention à ne pas marcher sur les fourmis. Mais, une fois roi, ses conseillers l’amènent à porter son regard de plus en plus loin.

Ecrasant progressivement le petit peuple à ses pieds, l’enfant perd son identité dans le tourbillon du pouvoir. Il oublie sa vraie nature en préparant la guerre, jusqu’au jour où son regard lointain le porte vers la mer. Ecoutant alors les vagues, il retrouve enfin son vrai regard attentif à la nature et aux êtres qui l’entourent.

La force de ce très beau conte initiatique tient avant tout dans l’illustration tout à fait originale de Katy Couprie qui associe photographies et silhouettes de pastel gras. Celles-ci sont découpées puis mises en scène « comme au cinéma » dans la nature (au bord d’un chemin, dans la forêt, sur la plage, dans la mer...).

Il s’en dégage des émotions fortes et peu habituelles. Les personnages sont presque vivants, palpables dans cet univers grandeur nature.

« J’aime ce grand album qui associe imaginaire et réel sur une thématique proche de l’éducation à la paix. Il suscite émerveillement et envie de création de livres avec les enfants. De belles animations en perspective ».
V.D.

RASCAL, SOPHIE, Moun, l’école des loisirs, 1994

Deux histoires d’amour s’entremêlent ici, au cœur de ces pages d’une rare intensité.

L’histoire d’amour des premiers parents de Moun qui, perdus au milieu de la guerre et de la famine, confient leur unique enfant à l’écume des vagues...

Celle des parents adoptifs de Moun qui, de l’autre côté de l’océan, donnent vie aux espoirs des premiers en recueillant leur enfant.

Il est bien entendu question d’abandon et d’adoption.
Mais ce sujet est abordé de façon délicate et symbolique.

"C’est toujours avec autant de bonheurs et de larmes que je relis ce beau récit touchant baigné par l’eau, symbole de l’amour maternel". F.V.

RASCHKA Chris, Ami ! Ami ?, La joie de lire, 1998

Avec une économie de mots étonnante et un trait lumineux, cette histoire d’une rencontre évoque tour à tour par petites touches subtiles : d’abord le repli sur soi, la tristesse et la dureté de la solitude ; ensuite l’ouverture progressive grâce à l’apprivoisement en douceur ; et enfin la joie immense de se faire un ami surtout lorsqu’on est différent.

« J’aime ce livre sans jamais m’en lasser par la tendresse qu’il dégage et la multitude d’émotions qu’il éveille en nous avec si peu de mots et en toute simplicité ».
V.D.

C. BERNOS, N. NOVI, "Moi, Ming", Rue du Monde

Avez-vous déjà imaginé, une seule fois dans votre vie, que des riches et des puissants pourraient envier votre bonheur ?
Sans doute que non ! Car c’est souvent l’inverse qui se passe !

Ming n’échappe pas à la tentation et s’amuse à passer en revue une série de personnages de grande notoriété qu’il aurait pu être : riche Emir, Reine d’Angleterre et, pourquoi pas, Empereur du monde !
Mais voilà, il est « Ming », un paysan chinois de condition modeste qui , chaque jour, prend le temps de regarder grandir sa petite fille Nam. Pour leur plus grand bonheur. Tout simplement...

Ce beau récit ramène à la surface le fonctionnement de beaucoup d’entre nous. Tantôt le besoin de vivre notre parcours comme une succession de regrets, parfois de désillusions. Tantôt, le bonheur d’accepter pleinement notre vie : celle que nous avons construite et qui nous correspond, vraiment. Car, bien sûr, tout le reste n’est qu’illusion !

Ce conte philosophique nous est présenté comme un diptyque construit de manière telle qu’il reflète à merveille les sentiments exprimés.

Le premier volet nous entraîne dans les rêves de « Ming ». Celui-ci nous dresse une galerie de portraits des plus hauts dignitaires de la terre qu’il aurait pu être. Le texte est fort, rythmé, redondant. Les illustrations de Nathalie Novi collent ici à cette ambiance clinquante et matérialiste. En contraste, dans le second volet , nous pénétrons au cœur de la vraie vie... plus modeste, plus naturelle mais tout aussi riche et remplie d’amour. Insensiblement, les illustrations se font plus aériennes.

« Moi, Ming » : un parcours d’émotions mais aussi de littérature et d’art. F.V.

DREESEN Jaak et GODON Ingrid, Le concert, éd. Circonflexe, 2005

Une famille remplie de tendresse vit sa passion pour la musique en écho avec la mélodie et l’amour de la mer. A travers les dunes et les brises-lames, Colin accompagne sa maman qui se prépare pour le concert triomphal qu’elle donnera. Son père, quant à lui attentif et présent, s’occupe avec amour des bons petits plats et de la publicité du concert. Le grand jour tant rêvé arrive enfin mais c’est sans savoir que Colin y jouera la chance de sa vie.

« J’aime ce livre dont le très beau texte poétique et les illustrations douces et délicates dialoguent à merveille. L’amour familial et musical s’en dégagent tout en finesse ».
V.D.

SCOTT Ann Herbert, Glo COALSON, Sur les genoux de maman, l’école des loisirs, Paris, 1993

Nous sommes au cœur d’un petit village perdu de Laponie. Emmitouflé sous son petit bonnet de fourrure, Michaël rentre à la maison avec maman. Dehors, le froid règne en maître et pourtant c’est bien de chaleur dont ce livre va nous parler...

Ainsi, assis sur les genoux de maman, Michaël va chercher successivement pour l’accompagner dans ce doux bercement : son bateau, sa couverture, sa poupée, son petit chien... La communion avec maman est à son comble quand, soudain, les cris du petit frère se font entendre. Lui aussi, demande à partager les doux bercements...

C’est alors que le sourire qui illuminait jusqu’alors le petit garçon fait place à la moue contrariée qui, dans un élan de spontanéité, dit : « il n’y a plus de place ! ».
Mais maman ne se laisse pas prendre au jeu de la fusion et quitte momentanément les pages pour aller chercher bébé.
De retour dans notre champ visuel, avec sur ses genoux ses deux enfants « enveloppés dans la même chaleur », elle nous offre l’image d’une mère attentive qui sait s’adapter aux multiples situations de l’amour maternel.

"J’aime ce très bel album où les enfants prendront conscience que l’amour qu’on leur porte, même s’il est unique, n’entraîne pas l’exclusion de l’autre.
De très belles illustrations aux couleurs chaudes dans cet univers glacial, une richesse intérieure évoluant dans un décor modeste : autant de contrastes qui confèrent à ce grand classique de nombreuses qualités".
F.V.

GREVERAND G., BARDOS M., Dis-moi si tu aimes, Album Nathan, 2005

Cet album nous propose une amusante et touchante partie de cueillette : celle de tous les petits moments de bonheur qui composent notre quotidien.

L’idée n’est pas neuve. On se souvient en effet de « Les petits bonheurs » ou « Les petits riens » parus au Seuil jeunesse. Mais ici, le côté humoristique est davantage mis en exergue. D’autre part, les nombreux changements de mise en page et de couleurs apportent beaucoup de rythme et de vie.

"J’aime cette lecture légère mais amusante dont une des qualités essentielles est qu’elle permet de mieux se connaître tout en invitant au dialogue". F.V.

LENAIN Thierry et TALLEC Olivier, Il faudra, éd. Sarbacane, 2004

Regard d’amour sur le monde d’un enfant qui vit la guerre et la misère ; les puissants et la pollution des océans ; la lune et les larmes et il se dit : « Il faudra apprendre à dire je t’aime même sans l’avoir entendu »... pour transformer la terre.
Puis, il décida de naître à la grande aventure risquée de la vie.

« J’aime cette histoire pleine d’espérance par sa poésie et ses illustrations colorées qui vient toucher mes peurs et réchauffer mon cœur de future maman ».
V.D.

Ces recensions ont été réalisées par :
Valérie Detry et Françoise Vanesse

Salon du Livre de jeunesse de Namur

Du 19 au 23 octobre prochains

http://www.livrejeunesse.be