Publié le 4 février 2005, par
A l’heure actuelle, on assiste à une importante mutation au cœur de la production de livres documentaires jeunesse. Quels sont ces changements et en quoi sont-ils déterminants dans l’édification d’une nouvelle image de ce secteur éditorial ?
Tel fut le thème de l’exposé de Françoise Ballanger, Rédactrice en chef de la « Revue des livres pour enfants » et de « La Joie par les livres »(1), lors de la journée de réflexion consacrée au documentaire en octobre dernier à Namur et organisée par Michel Defourny et le CLPCF.(2)
Aujourd’hui, beaucoup de professionnels de la lecture n’ont pas suffisamment recours au livre documentaire pour concevoir leurs animations.
Encore trop souvent, nous oublions que certains de ces livres permettent de faire rêver les enfants tout en leur apportant des réponses à diverses questions. Et nous perdons parfois de vue que ces histoires documentées peuvent emmener le jeune lecteur vers le plaisir de lire... tout en développant son esprit critique.
Il est vrai qu’au cœur de l’importante production actuelle du livre de jeunesse, le documentaire fait figure de parent pauvre : 30 % seulement, par rapport au livre de fiction ! Et pourtant les naissances récentes de collections incitent à faire le point car on assiste à l’heure actuelle à une réelle mutation qui va certainement élargir le regard que nous portons sur ces ouvrages et ainsi faire naître de nouveaux comportements de lecteurs.
C’est notamment ce que souligne Françoise Ballanger dans la première partie de son exposé intitulé
« Métamorphoses et enjeux du documentaire aujourd’hui ».
Elle rappelle en effet que le documentaire reste minoritaire par rapport à l’album de fiction et que son intérêt est trop souvent oublié. L’exemple le plus clair en France est la récente liste élaborée à l’initiative de l’Education Nationale et dans laquelle le documentaire est délibérément oublié !
« Or, dit-elle, le documentaire se prête à divers modes de lectures et contribue à faire entrer les enfants dans la littérature ». De plus, à l’heure actuelle, on assiste à un renouveau qui se concrétise à différents niveaux.
Premièrement, les auteurs des livres documentaires ont de plus en plus souvent des origines professionnelles très différentes. La conséquence de cette diversité est un foisonnement très fécond pour la production.
Deuxièmement, l’importante évolution des moyens techniques que nous connaissons ces dernières années est à l’origine d’un renouveau.
Enfin, on assiste à une production qui s’internationalise de plus en plus et qui permet une ouverture extraordinaire.
Françoise Ballanger aborde ensuite l’aspect relatif à l’information. Celle-ci est bien entendu capitale et, fait non négligeable, on assiste aujourd’hui à une grande diversité des sujets abordés. Néanmoins, cet esprit d’ouverture ne doit pas occulter le fait que certains sujets sont davantage traités par rapport à d’autres qui sont tenus à l’écart. Elle cite l’exemple de la France où le poids des exigences scolaires joue énormément sur la production.
« Ainsi, dit-elle, vous trouverez quantité de livres sur les dinosaures et le Moyen Age. Par contre, beaucoup moins sur la guerre d’Algérie... ». Quant au phénomène de mode, il n’épargne pas la production de documentaires jeunesse avec, pour exemple, un foisonnement récent de livres sur le débarquement !
Elle passe ensuite en revue les différents moyens utilisés par certaines collections innovantes. Celles-ci veulent donner aux lecteurs des éléments de formation et non seulement des savoirs, le but final étant de permettre à l’enfant de s’interroger, de se former une opinion et donc d’être éveillé à la citoyenneté.
Tout d’abord, la narration. La narration représente un intérêt considérable car elle permet au jeune lecteur de s’identifier ce qui devrait le mener sur le chemin de l’édification de son propre point de vue. Parfois même, on trouve certains textes d’auteurs différents à l’intérieur d’un même ouvrage ce qui permet de confronter les points de vue, de prendre de la distance pour se forger son opinion personnelle.
L’importance de l’émotion esthétique dans le documentaire joue un rôle capital car le choix de l’illustration peut amener le lecteur à un comportement actif.
Quant à l’humour qui envahit certaines pages, il permet au jeune enfant de jouer avec ce savoir.
Après avoir mis en exergue toutes les caractéristiques intéressantes de ces livres documentaires, elle conclut son exposé en insistant sur la nécessité, si l’on veut construire une animation à partir du livre documentaire, de ne pas hésiter à confronter différents livres, différentes collections sur un même sujet car c’est au travers du livre documentaire que se construit l’esprit critique des enfants.
(1) Françoise Ballanger est directrice de la "Joie par les Livres"
(2) Le thème de cette journée de réflexion était : "Le documentaire aujourd’hui : entre fiction, narration et réflexion".
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