L’Enfant rieur

Publié le 23 avril 2012, par Sylvie Hendrickx


Lorsqu’un homme de lettres recherche en lui l’enfant que le monde a fait grandir, son livre nous promet de curieuses retrouvailles.

BAUCHAU Henry, L’Enfant rieur, Actes Sud, 2011

Le verbe rempli d’une lucidité malicieuse permise par son âge respectable, Henry Bauchau nous aventure avec lui sur les traces de l’enfant de sa prime jeunesse. Mais qui était-il cet enfant rieur ? Qu’est-il devenu ? Et comment l’approcher sans le trahir ?

Tendres ou difficiles, certains épisodes de la vie nous ramènent aux yeux de l’enfance et à la profondeur qui leur appartient. Le décryptage du monde des adultes révèle au petit homme déjà tant de choses par le ressenti, fissure ses certitudes et son insouciance. On rejoint dans ces pages cette candeur à qui le monde à imposé la guerre avant même l’affirmation du « je ».

D’une guerre à l’autre, le parcours d’une vie où, à travers l’adolescence et le développement de l’homme, l’enfant rieur réapparait quelquefois plus ou moins timidement, se rappelle aux bons souvenirs ou au contraire s’efface devant la dureté du moment. Ses souvenirs sont porteurs de quelque chose de profond, d’une aura constructrice, des bases du vieil homme d’aujourd’hui, de certaines de ses forces et de certaines de ses failles.

Dans une écriture qui nous invite à sourire avec lui, Henry Bauchau nous délivre un hymne à l’imaginaire qui le porte et à toutes ces petites choses qui ne survivent plus que dans sa mémoire. Mais l’enfant rieur aurait-il pu prendre plus de place dans sa vie, y demeurer plus longtemps ? Pour le savoir, il faut interroger ces points de croisements que sont les rencontres, les résonances historiques, les évènements familiaux, le cœur du souvenir… Mais que l’on ne s’y trompe pas, l’enfant de 98 ans est toujours là !