L’Embellie

Publié le 7 janvier 2013, par Sylvie Hendrickx


Au hasard des routes sinueuses de l’Islande, une jeune femme et son curieux petit compagnon de voyage tentent de s’apprivoiser et de réenchanter la vie.

AUDUR AVA OLAFSDOTTIR, L’Embellie, Zulma, 2012

A 33 ans, brutalement abandonnée par son mari, la narratrice de ce roman se découvre une vie étrangement vide, déchirée. A cette impression de démantèlement vient cependant aussitôt s’ajouter un sentiment de liberté qu’elle décide d’explorer par un voyage en solitaire. Mais ce projet d’évasion sera radicalement bouleversé par les circonstances et c’est finalement accompagnée d’un curieux compagnon de route, Yumi, 4 ans, qu’elle prend le départ…

Partout où il passe, ce petit garçon hors norme attire les regards : les loupes de ses grosses lunettes et les prothèses auditives démodées à travers lesquelles il perçoit le monde en font un enfant quelque peu différent mais terriblement attachant. Qu’importe… A travers la pluie et la brume des landes sauvages, ce duo insolite voyage, s’enfonce à la recherche d’un avenir nouveau et dans le même temps se découvre, tâtonne, s’enlise parfois, dans une difficile communication. Car pour apprivoiser son petit compagnon de voyage, la narratrice, traductrice de profession et linguiste compulsive, est forcée d’explorer un monde au-delà des mots. Et toutes les langues qu’elle maîtrise ne lui sont d’aucun secours pour communiquer avec ce petit bonhomme dont elle apprend peu à peu, attentive et inventive, à décoder le subtil et riche langage propre à son imaginaire d’enfant.

Audur Ava Olafsdottir nous dépeint avec finesse et humanité, cette relation de l’enfance à l’adulte, emplie d’une poésie des petits riens, légère, un peu grave quelques fois. Au fil des pages qui serpentent autour de cette belle relation, elle nous livre les pensées et réflexions d’une femme alourdie par son passé mais intensément tournée vers l’avenir, ouverte et drôle, pour laquelle on ne peut ressentir qu’une tendre complicité. Un récit au style simple mais enlevé, juste et chantant, lumineux comme celui de Rosa Candida, le premier roman de l’auteure traduit en français, dont le succès à fait de ce second ouvrage un livre attendu… Et en aucun cas décevant !