Publié le 10 juillet 2012, par
Servie par une plume tendre, dépaysante et poétique, l’histoire d’un amour qui pourrait bien survivre à la mort.
Que reste-t-il à Takumi de sa jeune épouse Mio ? Un murmure au moment de quitter ce monde, une promesse douce, insolite, intenable… « Je reviendrai avec la pluie. »
Tant de souvenirs aussi et puis, surtout, Yûji, six ans, le fruit de leur amour auquel Takumi transmet la mémoire de sa mère à travers une vision peu conventionnelle de l’au-delà : la planète « Archives », affabulation audacieuse et poétique. De la même manière, ce père un peu perdu transfigure son quotidien par petites touches savoureuses d’un regard aiguisé et réflexif. Ces envolées dans l’imaginaire, livrées dans de tendres et subtils dialogues entre père et fils, parviennent mal cependant à masquer la souffrance et à couvrir le laisser-aller général qui rythme désormais le quotidien de la famille… Jusqu’à ce jour de juin où le pays du soleil levant voit arrivé les premières ondées saisonnières et, avec elles, une improbable renaissance : Mio est là, physiquement semblable à elle-même mais amputée de ses souvenirs, tel un être neuf. Tout est à revivre. Se déroule alors tout en douceur la narration de l’histoire passée de ce couple touchant et atypique avec, en parallèle, le récit de son bonheur et de ses angoisses présentes.
Une atmosphère réaliste teintée d’irrationnelle nous fait entrer dans ce récit comme dans un songe. L’amour plus fort que la mort, n’est-ce pas là l’un des rêves les plus universels de l’humanité ? Takuji Ichikawa nous le prouve et s’en empare de la plus belle manière à travers ce récit aux allures de fable. Dans un style qui séduit par sa simplicité, sa délicatesse et plus encore sa fantaisie, l’auteur nous y livre une vision très pure de l’amour déjouant cependant tout cliché par sa justesse de trait, un art maitrisé du dialogue et une finesse accomplie dans la mise en vie de ses attachants et très humains personnages. Dénouant jusqu’à une issue inattendue la relation profonde de ces trois êtres, Takuji Ichikawa nous laisse à une douce réflexion : l’amour est-il jamais bonheur perdu ?
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