Regards croisés sur des voyages en écriture

Etonnants voyageurs

Publié le 19 mars 2007, par Françoise Vanesse


Une trentaine d’auteurs se passent la plume pour nous proposer un fascinant « poème du monde ».

LE BRIS Michel, Etonnants voyageurs, Flammarion, 1999.

Parcourir cette intéressante anthologie, c’est l’occasion commode de retrouver parmi d’autres et avec un intense plaisir, le suisse Nicolas BOUVIER, [1], le très français LACARRIERE [2], le romancier hollandais Cees NOOTEBOOM et encore BOURLES, CHATWIN, MALAURIE...
Tous ces voyageurs impénitents, authentiques écrivains qui marchent, petits enfants de CONRAD et de R.L. STEVENSON :
« Tout grand livre est quelque part un récit de voyage. Le Dehors guérit ».

Michel LE BRIS, coordonnateur et préfacier engagé de ce riche recueil, lui-même auteur d’un essai de « philosophie voyageuse », [3], situe en 76-77 l’apparition de cette « écriture qui voyage », donc symboliquement aux débuts de la légende de CORTO MALTESE.

Des textes marqués par un certain rapport d’incandescence entre l’écriture et le réel. Miniaturistes ou de plein vent, ils arpentent et inventorient le monde pour en restituer la dimension romanesque : «  Ecrire, c’est toujours s’en aller. Partir, c’est prendre congé (des règles, des idéologies, des clans...) ».

Une conviction affirmée habite en effet ces auteurs par ailleurs si différents d’expériences, de style et de culture : c’est l’épreuve de l’autre et du monde qui, seule, peut empêcher la littérature de se scléroser en modes, en formes vides, en faux semblants.

Bien sûr, écrivait encore STEVENSON « Tout récit de voyage est un fragment d’autobiographie ». Mais le « moi » est ici dépouillé de ses ruses, jeté qu’il est au creuset de cet ailleurs des chemins qui l’épure jusque dans ses mots : « Je ne suis qu’un piéton, rien de plus » (A. RIMBAUD).