Du côté de chez moi

Publié le 14 octobre 2013, par Sylvie Hendrickx


Découvrir la littérature au cœur de sa banlieue : témoignage d’une construction identitaire en équilibriste…

SENINI Salima, Du côté de chez moi, Les arènes, 2013

Le récit de Salima, c’est avant tout celui d’une relation imposée entre deux cultures, celle de la famille et celle de l’école, « une véritable schizophrénie identitaire » subie, interrogée puis peu à peu pacifiée… par le biais du livre.
Salima n’a que quelques mois lorsque ses parents sont contraints de quitter l’Algérie pour la France. Dans le petit appartement d’un HLM de Val Fourré, ils ont recréé un havre de la « vie de là-bas » où Salima va vivre vingt ans entourée de ses sept frères et sœurs ! Influencée par le repli identitaire de ses parents qui craignent plus que tout l’occidentalisation de leurs enfants, Salima développe un rapport complexe à la culture de son pays d’accueil. Elle y vit une dualité forte faite d’attirance mais aussi d’une grande souffrance, celle de se sentir différente.
En puisant dans ses souvenirs, Salima raconte sa bataille intérieure, une construction identitaire en équilibriste, où rapport à la langue et lecture occupent une place émancipatrice tout particulièrement affective. En effet, face à une culture parentale qui lui fournit des repères mais l’enferme également dans le carcan unique qui doit faire d’elle une bonne épouse, Salima va s’évader dans la seule sortie qui lui soit aisément autorisée : la bibliothèque du quartier. Elle y fait la découverte décisive de la littérature qui ouvre au monde et, à travers elle, se met en quête d’une autre place, d’une autre identité féminine à construire. Pour bâtir sa liberté, Salima va faire de la lecture son échappatoire, la revendication identitaire de sa différence et son guide entre deux cultures qui tant bien que mal cherchent à cohabiter en elle.
Un témoignage qui résonne comme un encouragement pour tous ceux qui, notamment à travers la médiation des bibliothèques de quartiers, continue de promouvoir l’accès des jeunes, de tous les jeunes, à la culture du livre.