Publié le 4 juillet 2018, par
Un an après le lancement d’une première récolte d’informations initiée par la FIBBC auprès des bibliothèques organisatrices de grainothèques et de projets de valorisation de la nature, une vingtaine de bibliothécaires concernés par cette thématique enthousiasmante se sont à nouveau réunis à l’invitation de la FIBBC afin de participer à une seconde journée d’informations. Celle-ci était consacrée notamment au suivi du dossier et au partage entre collègues et ce, dans les locaux de « Nature et Progrès ».
Lundi 28 mai, dans les locaux de « Nature et Progrès » à Jambes. C’est au sein de cette association particulièrement active dans le domaine de la protection et de la valorisation de l’environnement, avec sa librairie spécialisée et son jardin adapté, que nous fixons rendez-vous, pour cette deuxième journée d’informations, aux bibliothécaires impliqués dans cette belle dynamique.
En mars 2018, ceux-ci ont été contactés par notre association professionnelle dans le cadre de la deuxième partie d’une récolte d’informations initiée en 2017 et qui visait à évaluer leurs projets relatifs à l’organisation de grainothèques. Un an après le lancement de cette initiative, la FIBBC a ainsi souhaité donner à nouveau l’occasion aux bibliothécaires concernés d’évaluer l’avancement de leurs différents projets et de faire état de leur motivation et perspectives. Ce lundi 28 mai est donc consacré à prendre connaissance des fruits de cette deuxième récolte mais aussi à croiser et partager les expériences de chacun.
Le lancement très dynamique de cette journée est pris en charge par Dominique Zihla, animatrice de « Nature et Progrès » qui, au travers des questionnements des participants et de différents extraits d’émissions et de témoignages de scientifiques, nous immerge de façon critique au cœur d’une problématique tout en correspondance avec le sujet du jour, celle des OGM. Plus particulièrement, son exposé vise à sensibiliser les citoyens à la problématique des OGM dans l’agroalimentaire afin de leur permettre de faire des choix informés en matière d’alimentation. L’intitulé de son intervention est « OGM dans l’alimentation humaine, parlons-en ! Le couple infernal OGM/pesticides est-il en train de contaminer notre alimentation ? » Au terme de cet exposé bien étayé et critique, de très nombreux points de questionnements émergent autour de la notion de manipulation et, ensemble, les participants insistent sur l’importance de nos choix alimentaires et l’enjeu d’utiliser des semences de qualité, reproductibles ainsi que d’anciennes variétés.
Après le partage d’un repas composé de sandwiches végan et végétariens, vient ensuite la promenade vers le jardin de « Nature et Progrès » : un jardin bio et adapté pour permettre à tous, y compris les personnes aveugles ou à mobilité réduite, d’apprendre des techniques de jardinage. Au cours de cette visite, les participants, les yeux bandés, prennent mieux conscience de la grande aptitude des personnes malvoyantes à surmonter différents écueils. Il est également question de la présentation étonnante d’un matériel adapté aux jardiniers en handicap moteur ou visuel.
L’après-midi se poursuit avec la présentation du bilan de la FIBBC suite à la deuxième partie de sa récolte d’informations auprès des bibliothécaires impliqués dans un projet de grainothèque. En effet, au mois de mars 2018, notre association a repris contact avec les 18 bibliothèques qui ont participé à la première récolte de données en janvier 2017. Parmi celles-ci, 15 bibliothèques se sont exprimées, via le nouveau questionnaire mis en ligne sur notre site internet, sur les suites données à leurs projets. Trois bibliothèques, renseignées par la Bibliothèque centrale de la Province de Luxembourg comme étant concernées par cette thématique, ont également rejoint notre récolte d’informations. Les résultats de celle-ci sont consultables sur notre site : www.fibbc.be (rubrique : « Lecture publique en mouvement »).
Catherine Renson intervient ensuite afin de faire le point sur l’état des différentes actions coordonnées par la Bibliothèque centrale de la Province de Luxembourg pour soutenir un programme commun de promotion de la lecture centré sur les graines et les grainothèques. Dans cette démarche, la Bibliothèque centrale se veut un soutien concret et, par le biais de l’organisation de réunions et de différentes initiatives, permet aux bibliothécaires d’échanger autour de problématiques récurrentes. Elle propose également des outils : bibliographies sélectives, expositions thématiques mais aussi et plus récemment, des jeux visant la sensibilisation des jeunes publics.
Fanny Lebrun de l’association « Cycle en terre » présente ensuite son asbl qui vise à produire des semences biologiques, locales et reproductibles pour fournir des maraîchers et des professionnels. L’asbl a également pour vocation de former à la production de semences. Interpellée par la dynamique des grainothèques, Fanny Lebrun souhaite proposer aux bibliothécaires une formation qui leur permettrait d’améliorer la qualité de leur récolte de graines et d’être de véritables personnes ressources auprès de leurs usagers.
Vient ensuite le temps du partage d’expériences entre collègues engagés dans un tel projet. Ceux-ci, livrent leurs expériences, leur bilan, leurs interrogations aussi. L’intérêt de chacun est palpable et les échanges très instructifs.
Contrairement à ce qu’elle aurait souhaité, Françoise Laudelout de la bibliothèque-ludothèque de La Bruyère n’a pu relancer la grainothèque initiée en 2015 et pour laquelle elle faisait pourtant un bilan positif l’année dernière. C’est le manque de temps qui ne lui a pas permis de s’y consacrer et elle le déplore car ce projet lui tient particulièrement à cœur. D’autre part, la motivation du public est bien présente dans cette zone rurale où la thématique du jardinage intéresse de nombreux lecteurs et trouve également un écho positif auprès des écoles. Elle se dit « reboostée » par la journée et sent que ce projet va à nouveau pouvoir essaimer… Son objectif primordial est en effet de libérer du temps en consultant ses collègues et, aussi, en cherchant des partenariats, des personnes ressources et des intervenants extérieurs : une perspective très mobilisatrice déjà pointée l’année dernière comme une garantie de pérennité du projet.
Karinne Noiret, dirigeante de la bibliothèque publique de Bertrix, est présente à cette journée car ce sujet la motive et ce, dans la continuité du travail entrepris par Jeannine Dumont et Claire Gonty qui sont à l’origine de la grainothèque démarrée en 2017. Elle rappelle les différents projets mis en place précédemment dont des partenariats avec le Cercle horticole, le SEL, le GAL et un jardin solidaire dans le cadre du plan de cohésion sociale. Néanmoins, suite à un changement de direction, la bibliothèque a du se concentrer sur d’autres priorités et n’a pu relancer d’activités cette année. Karinne Noiret souhaite redynamiser le projet avec, notamment, une animation autour des abeilles, du thème « zéro déchet » et l’abonnement à un magazine de nature. Elle souligne également l’importance de poursuivre les partenariats entrepris antérieurement.
Viviane Philippart, responsable de la bibliothèque de Hotton, rappelle que l’installation de la grainothèque date de 2016 et découle de l’appui de la Bibliothèque centrale de la Province de Luxembourg. Viviane se réjouit de l’émergence d’une belle dynamique autour de ce thème : création d’un réseau de personnes ressources, participation au Festival cinématographique « A travers champs » et élargissement des partenariats dont le Centre culturel de Hotton. Elle souligne l’importance de se donner du temps pour ce type de projet qui peut connaître des hauts et des bas. La formation de ce jour lui apporte des éléments pour répondre aux questions, parfois pointues, des lecteurs.
Voici ensuite, Isabelle Lejeune de la bibliothèque communale de Trois-Ponts. Malgré les doutes exprimés l’an dernier, Isabelle Lejeune et sa collègue Isabelle Robert ont décidé de démarrer un projet de grainothèque en ce printemps 2018. Elle est en effet persuadée que ce projet constitue une opportunité extraordinaire pour faire circuler l’information auprès des usagers, très intéressés par les thèmes de la valorisation de la nature, du développement durable et de l’éco-responsabilité. D’autre part, Trois-Ponts est situé en zone rurale et beaucoup de lecteurs entretiennent des potagers, ce qui implique une importante motivation pour ce sujet. Afin de baliser les débuts de leur initiative, les deux collègues sont allées visiter le jardin des Fraternités Ouvrières de Mouscron qui possède un catalogue de graines remarquable. La grainothèque a, par ailleurs, été inaugurée à l’occasion d’une journée « Ardenne en transition ». Etant donné que c’est la première saison, Isabelle ne peut encore tirer de conclusions sur le projet mais sera attentive à la notion de réciprocité, évoquée par la plupart et, à cet effet, elle tient à jour un cahier d’échanges reprenant les entrées et les sorties de graines…
Marie-Hélène Malmendier de la bibliothèque de Stavelot est présente à cette journée car elle envisage de mettre en place une grainothèque. Avant de se lancer, elle souhaite donner des assises à ce projet dont elle évalue bien l’importance du travail en amont. En effet, elle observe qu’il s’agit d’un projet pointu qui demande beaucoup d’informations précises et une documentation importante si l’on veut répondre aux exigences des différents profils d’usagers. Elle souhaite se documenter pour être plus légitime et envisage une collaboration avec la bibliothèque de Trois-ponts qui s’est déjà lancée dans l’aventure.
Marie-Madeleine Sizaire de la bibliothèque communale Frédéric Kiesel de Rachecourt et Christelle Versichele de la bibliothèque d’Halanzy évoquent l’expérience de la grainothèque créée à la bibliothèque de Rachecourt l’an dernier et ce, dans une collaboration très dynamisante avec la bibliothèque d’Halanzy. Le territoire du Parc naturel de Gaume dans lequel ces deux bibliothèques s’insèrent est certes un atout pour dynamiser ce type de projet. Néanmoins, les deux collègues sentent la nécessité de nouer encore davantage de partenariats. Elles insistent sur le fait que la gestion des graines est chronophage et que, pour favoriser l’échange et le partage, elles accueillent les initiatives des usagers d’amener des plants et pas uniquement des graines.
Catherine Lecuit de la bibliothèque communale francophone d’Ixelles rappelle les origines du projet qui remonte à 2016 suite à la demande de l’éco-conseillère d’installer, en collaboration avec l’asbl « Aromatisez-vous », trois potagers dans la cour de la bibliothèque. Le lancement de la grainothèque a été concomitant à ce projet de potagers collectifs. En raison du peu d’investissement des habitants du quartier dans l’entretien de ceux-ci, les potagers ont finalement été répartis dans plusieurs écoles communales et la grainothèque a, par la force des choses, quelque peu périclité. Malgré ces évènements, Catherine souligne sa volonté de poursuivre et cette journée la remotive. Le soutien de son équipe devrait lui permettre de relancer la grainothèque et de tenter de mieux cerner la légitimité d’un tel projet en milieu urbain.
Pauline Meunier, qui représente la bibliothèque publique de Jamoigne, se réjouit car la grainothèque tourne bien depuis deux ans et ce, grâce à une série de partenariats avec le GAL, le CPAS, le Parc naturel de Gaume. Si ses animations s’adressaient jusqu’à présent au public scolaire ou aux ados (construction d’hôtels à insectes…), elle souhaite élargir au public adulte par des conférences sur des thèmes variés, comme la lacto-fermentation.
Emilie Léonet, de la bibliothèque communale « Aux Mille Feuilles » de Sprimont, insiste quant à elle sur l’évolution qu’a connue le projet cette année. Celui-ci s’est élargi au public scolaire et a gagné en légitimité grâce à cette ouverture. Les bibliothécaires ont en effet mis en place deux animations destinées aux classes et basées sur des albums. Emilie insiste également sur l’importance de sensibiliser les usagers à la façon de récolter leurs propres graines. La bibliothèque a récemment reçu Fanny Lebrun de l’asbl « Cycle en terre » dans le cadre d’une conférence « Reproduction de semences ». A ce sujet, Emilie souligne l’importance d’organiser une formation sur ce thème à destination des bibliothécaires impliqués dans une grainothèque.
Myriam Radoux fait partie du Réseau de Lecture publique de Chaudfontaine. Elle rappelle que la grainothèque, créée en 2015, est installée à Beaufays dans le village le plus rural du réseau. La grainothèque bénéficie d’un partenariat privilégié avec le Cercle horticole de Chaudfontaine ainsi que d’une dynamique communale allant dans le sens de la valorisation de la nature : Slow city, commune Maya. Myriam insiste sur la nécessité d’élargir la thématique de la grainothèque en mettant sur pied des projets en lien avec l’écologie. C’est dans ce cadre qu’elle et ses collègues ont proposé la fabrication de produits ménagers bio ou une conférence sur le « zéro déchet ». Leur prochain projet : faire de l’équipe de la bibliothèque les ambassadeurs du changement en adoptant des comportements qui reflètent leurs préoccupations : consommation d’eau dans des bouteilles en verre, un repas sans viande par semaine… La saison prochaine, comme chaque année, la grainothèque sera relancée par la programmation d’un film en lien avec la thématique.
Gaëlle Rosen rappelle que les bibliothèques de Waimes et de Malmedy ont été pionnières dans le domaine avec une grainothèque lancée dès 2014. L’éco-citoyenneté est d’ailleurs un thème très développé dans leur plan quinquennal. Le fonds est très étoffé en ce qui concerne ces thématiques et le terrain est favorable, composé de nombreuses associations actives et d’écoles très réactives sur le sujet au sein d’une commune Maya. Gaëlle insiste sur les animations qu’ils ont créées à destination de publics très divers et notamment des tout-petits initiés de manière ludique à l’identification et la manipulation de graines. Cependant, d’une façon générale, même si l’intérêt du public est toujours très présent, la dynamique a perdu de son souffle initial. Il est nécessaire de continuer à produire du contenu afin de redonner vie aux petites boîtes d’échanges et ce, dès la saison prochaine.
Même si certains bibliothécaires ont été amenés à mettre ce projet de côté, on sent néanmoins toujours un important terreau de professionnels motivés par la thématique. Ceux qui, d’une façon générale, ont surmonté les différents obstacles d’ordre organisationnels ou logistiques, souhaitent poursuivre leurs actions d’informations et de sensibilisation par rapport à une problématique qu’ils considèrent comme importante et très mobilisatrice avec une volonté d’élargir leur champ d’action à la thématique environnementale et écologique (zéro déchet, OGM, pesticide, biodiversité, permaculture…) Enfin, on remarque le souci de toucher un public plus large à côté d’un public averti : jeunesse, public scolaire, familial. Ainsi, pour les bibliothèques qui continuent dans cette voie, on perçoit les assises d’un projet pérenne qui tend à se diversifier et à s’enrichir. Mais celui-ci doit être soutenu, notamment par une offre de formations toujours plus spécifiques.
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