Le monde que l’on porte
Publié le 9 avril, par
CARDYN Alia, Le monde que l’on porte, Pocket, 2024
Ancienne avocate devenue autrice, Alia Cardyn se consacre depuis 2016 à l’écriture de romans sensibles et engagés qui investiguent des sujets de société. Parmi ceux-ci, la maternité, perçue à travers les réalités souvent difficiles et le travail primordial des professionnels de la santé, apparait rapidement une thématique centrale depuis son roman Le choix d’une vie (Charleston, 2017), consacré au droit à la procréation médicalement assistée, jusqu’à son best-seller, Mademoiselle Papillon (Robert Laffont, 2020), qui met en lumière le service de néonatalogie. Son dernier roman, Le monde que l’on porte, poursuit l’exploration de cette thématique par le biais d’un parti pris original : la mise en parallèle de deux professions, celle de sage-femme et celle d’enseignant, rapprochées l’une de l’autre par leur dimension essentielle et commune d’éveil au monde. Ainsi, ce récit entrecroise le destin de deux jeunes femmes, incarnant avec idéal chacune de ces professions et amenées à explorer les fondements de leur vocation. Tout d’abord, voici Rose, issue d’un fascinant clan familial composé de sages-femmes depuis des générations, et dont le destin, à priori tout tracé, se trouve brusquement remis en question par un incident au cours de son propre accouchement. Quant à Ella, jeune enseignante, en proie à de mystérieux évanouissements, c’est de manière plus symbolique qu’elle s’attache, par différentes approches pédagogiques, à mettre au monde les jeunes citoyens de demain. Alternant leurs voix, Alia Cardyn dépeint leur double portrait lumineux et leur cheminement émancipateur avec beaucoup de sensibilité, et un brin d’onirisme, mais également de manière très documentée. Ainsi, étayé par l’interview de professionnels de l’hôpital Erasme, son récit explore avec justesse l’enjeu de l’attachement maternel et de son accompagnement professionnel tout en célébrant, de manière touchante, la force des femmes face à l’accouchement. En parallèle, s’appuyant sur le modèle américain de l’école démocratique, Alia Cardyn offre un plaidoyer vibrant pour une école qui assume de manière plus ambitieuse sa mission fondamentale d’épanouissement citoyen.