Bibliothèque communale de Ferrières à Xhoris
Publié le 10 juillet 2023, par
Nouvelle activation pour la culture en milieu rural
Nous voici arrivée au cœur du très authentique petit village de Xhoris, en province de Liège. Surplombant la vallée de l’Ourthe, cette localité de l’entité rurale de Ferrières bénéficie, notamment, d’un riche patrimoine naturel et architectural, avec ses charmantes maisons en pierre du pays dont certaines très prisées pour les séjours touristiques. Dans ce contexte, il est primordial de veiller à maintenir et à développer une vie sociale et culturelle. Le pouvoir communal a bien intégré cet important enjeu avec l’aménagement fonctionnel et convivial de cette petite place du centre du village qui jouxte, non seulement, la très vivante et bien aménagée petite école communale mais également l’ancien bâtiment de l’administration. C’est dans cette maison de pierre, abritant également le musée de la vie rurale au premier étage, que se situent les locaux de la bibliothèque communale, bien signalée grâce à une bannière rouge qui tranche très judicieusement avec le gris de l’ensemble du bâti. Depuis 2018, et suite au départ à la retraite de l’ancienne responsable, feu madame Marie-Antoine Philippe, la bibliothèque bénéficie d’une nouvelle activation et ce, grâce au soutien du pouvoir communal mais également de la bibliothèque pivot du réseau « B.O.A. » (Bibliothèques Ourthe-Amblève).
Celle-ci s’articule principalement autour de l’engagement d’une bibliothécaire, Christine Hardy, historienne de l’art de profession et très motivée par sa nouvelle mission. La voici qui nous ouvre la porte et, avec un généreux sourire assorti d’une vigoureuse poignée de main, nous invite à pénétrer dans le local réservé à l’accueil de la bibliothèque afin de nous partager les grandes lignes du projet qu’elle y déploie dans une perspective d’innovation.
Cette volonté d’innovation se ressent dès que vous pénétrez dans la pièce du comptoir de prêt. De prime abord, c’est en effet une sensation d’apaisement qui s’en dégage, notamment grâce à la décoration chaleureuse et très personnalisée reflétant quelques passions de la bibliothécaire dont l’Inde qu’elle affectionne particulièrement. Ensuite, la dimension professionnelle de l’aménagement prend subtilement le dessus et Christine Hardy, avec rigueur et méthode, vous expose les différents thèmes qu’elle souhaite promouvoir. Parmi ceux-ci, on pointera l’actualité littéraire avec cette mise en évidence de livres d’auteurs qui viennent de faire la une des médias : comme Christian Bobin ou Annie Ernaux récompensée par le Prix Nobel de littérature. Mais également la littérature belge à laquelle la bibliothécaire accorde une grande importance avec une attention soutenue pour les auteurs régionaux. Parmi ceux-ci, Caroline Lamarche, venue d’ailleurs récemment visiter la bibliothèque, Luc Baba ou encore Jean-Pierre Otte, originaire de Ferrières. Viennent ensuite d’autres thèmes variés comme le multiculturel, les voyages, la philosophie, la protection de l’environnement, et, enfin, l’art, véritable passion de la bibliothécaire. C’est ainsi que nous épinglons de nombreux « Beaux livres », monographies d’artistes ou catalogues d’expositions d’envergure internationale judicieusement accompagnés d’œuvres d’artistes régionaux accrochées aux murs. Même si certains choix mènent hors de nos frontières, la préoccupation pour l’ancrage local est toujours privilégiée !
Pour mettre en évidence les collections et déployer ses différentes missions, la bibliothécaire dispose d’une superficie totale de 225 m2 situés au rez-de-chaussée de cette maison de style traditionnel et de taille moyenne. Outre le comptoir de prêt et la section adulte, d’ailleurs entièrement remodelée avec l’introduction de nouvelles rubriques très spécifiques (essais, anthropologie, justice et affaires criminelles, développement personnel, permaculture, éthologie), la bibliothèque dispose de trois pièces bien distinctes. Une fois franchi le local du comptoir de prêt, nous voici dans une petite salle polyvalente, avec ordinateur et photocopieuse, créée dans une optique de consultation. Notre attention est particulièrement attirée par un présentoir central entièrement neuf contenant des revues, dont certaines sont assez spécialisées comme « Connaissance des arts », la revue « Philosophie » mais également des revues pour les plus petits dont « Youpi » de Bayard.
Nous remarquons aussi une attractive grainothèque, très bien mise en évidence et décorée de façon créative. Vient ensuite la section jeunesse avec un local réservé plus spécifiquement aux adolescents et dont l’ambiance est bien différenciée de la pièce voisine, réservée, à la petite enfance et aux animations. Très judicieusement, le classement des albums y est organisé par maisons d’édition dans une optique d’autonomie des jeunes lecteurs mais également afin de rester en lien avec l’organisation de la bibliothèque pivot d’Aywaille.
Cette structuration avec cette succession de pièces de tailles moyennes, à l’heure où certaines bibliothèques font le choix d’espaces ouverts et modulables, peut surprendre. Et l’on pourrait légitimement se demander si les collections et les nombreux projets de la bibliothécaire, qui dispose de peu d ‘espace dédié aux réserves, ne risquent pas de s’y sentir rapidement un peu à l’étroit ! Mais, même si elle nuance quand vous lui confiez que la bibliothèque vous semble un peu étriquée, Christine Hardy est bien consciente de ces limites et, bien entendu, déplore ne pas pouvoir pousser les murs ! Aussi, au vu de son caractère optimiste, préfère-t-elle se focaliser davantage sur les aspects bénéfiques de cette articulation rationnelle des locaux. Car celle-ci présente notamment l’avantage de lui permettre de déployer sa conception du métier : « Je suis une adepte de la structure. Pour moi, il faut que ce soit méthodique. C’est le b.a-ba dans une bibliothèque », nous confie-t-elle, tout en rangeant un album malencontreusement égaré et en nous invitant à remarquer l’aménagement intérieur de sa bibliothèque aux couleurs pimpantes. Et en effet, la décoration très soignée, le choix vivifiant et spécifique des couleurs confèrent à l’espace souffle et professionnalisme. Tout comme, d’ailleurs, la nouvelle organisation du fonds.
Celle-ci fait en effet partie de ses priorités et de son engagement. Dans un premier temps, la bibliothécaire a procédé à un indispensable élagage. « Pour accomplir cette mission de tri, j’ai reçu une aide déterminante de la part du réseau B.O.A. via, notamment le soutien de sa responsable, Catherine Jamagne », explique Christine Hardy. « Cette tâche était primordiale. Il y avait 12000 livres, et beaucoup de très anciens dont le contenu était devenu obsolète. Il a fallu élaguer, et puis racheter pour être aux normes. Mais une fois le travail effectué, j’ai disposé de latitude et de place supplémentaire pour mes projets ».
Parmi ceux-ci, la création de nouvelles rubriques. Impossible de les citer dans leur globalité tant on ressent une volonté d’exhaustivité dans le chef de Christine Hardy, adepte également des sous-rubriques dans une optique de perfectionnisme évident ! On retiendra plus particulièrement : la création d’un fonds de guides de voyages, le développement du rayon consacré à l’histoire de l’art, les dictionnaires linguistiques pour les adolescents et les premiers cartonnés pour les tout-petits, des rubriques absentes dans la précédente bibliothèque. Sans oublier un intérêt manifeste pour le thème de l’environnement avec le développement de sous-rubriques sur le jardinage et la permaculture. Épinglons également une attention pour les différents handicaps : troubles dys, collections en grands caractères pour adultes et même pour les enfants malvoyants ou éprouvant des difficultés avec des livres écrits en trop petits caractères. De façon globale et comme nous l’avons déjà mentionné, l’ancrage local est toujours très présent et on remarque la mise en évidence de son fonds régional ainsi que des ouvrages concernant l’apiculture car la commune dénombre de nombreux apiculteurs sur son territoire…
Ce territoire et ses multiples facettes, Christine Hardy en a bien conscience et souhaite joindre un maximum d’usagers et tenter de répondre à leurs différents niveaux d’attente en accordant la priorité à une approche humaniste, qu’elle juge primordiale. D’autre part, en adepte de la créativité et de la recherche d’innovation, elle met sur pied des stratégies visant à promouvoir la lecture en dehors des murs de la bibliothèque. Tous les deux mois, elle fait paraître dans le bulletin communal « Info Ferrières », une rubrique littéraire actuellement complétée d’une nouvelle formule consacrée plus spécifiquement à la promotion des auteurs belges. Même perspective d’ouvertures avec les projets d’animations qu’elle met sur pied et ce, plus spécifiquement envers le jeune public. Parmi celui-ci, les étudiants du secondaire qui peuvent bénéficier de sa fibre didactique pour la réalisation de travaux et de recherche, car elle est également professeure d’histoire de l’art et conférencière. Les écoles primaires et maternelles bénéficient également depuis peu d’animations grâce au local réaménagé à cet effet. « Une animatrice bénévole, madame Carmen Pecoraro, a proposé aux enfants des contes à destination des maternelles ou primaires qui, chaque fois, mettent en évidence une culture différente ! On a raconté des contes indiens, juifs,... Ouvrir aux différentes cultures est primordial. Tout comme la mise en valeur des talents artistiques de la commune qui fait aussi partie de mes priorités avec l’organisation ponctuelle de concerts et d’expositions », conclut-elle.
Et c’est vrai que le temps passe très vite dans cette foisonnante bibliothèque et qu’il nous faut bien conclure… Même si l’on souhaiterait encore présenter ses projets de rencontres littéraires ou son atelier de calligraphie chinoise qui connaît un beau succès. Mais si la bibliothécaire ne peut pas pousser les murs, encore moins peut-elle étendre son horaire ! Même si, au vu de son implication, de son engagement et de son réservoir de projets, aurait-elle sans aucun doute besoin de quelques heures supplémentaires… En attendant, si vous souhaitez, vous aussi, dialoguer avec Christine Hardy et bénéficier de son rayonnant dynamisme, rendez-vous à Ferrières pour « Livre en Fête » : le tout prochain projet que la bibliothécaire organise en collaboration avec l’Office du Tourisme, le dimanche 30 juillet 2023. Elle aura le plaisir d’accueillir des auteurs et autrices mais aussi des éditeurs, conférenciers et bouquinistes… le tout avec le soutien du pouvoir communal, partenaire incontournable dans ce foisonnant projet de revitalisation de la lecture et de la culture en milieu rural.
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Bibliothèque communale de Ferrières à Xhoris
Route de Hamoir, 34
4190 FERRIERES (XHORIS)
Christine HARDY
04/369 29 26
bibliotheque@ferrieres.be