Pietra viva

Publié le 6 janvier 2014, par Sylvie Hendrickx


Obsédé par la mort d’un jeune moine, Michelangelo se voit contraint de repenser en profondeur son art de sculpteur…

DE RECONDO Léonor, Pietra viva, Sabine Wespieser éditeur, 2013

Printemps 1505, le jeune sculpteur Michelangelo est au faîte de sa gloire. Le pape Jules II vient de lui commander son tombeau, une œuvre maîtresse qui doit lui permettre d’exprimer l’amplitude de son talent. Dans les carrières de Carrare, il se lance dans la recherche exaltante du marbre parfait, cette roche dont naîtra sous ses mains la lumière des drapés et des peaux lisses. Mais la découverte inattendue du corps sans vie d’Andrea, jeune moine qui de son vivant l’inspirait et incarnait pour lui la beauté à l’état pur, vient le frapper au cœur et fige son élan créateur. Alors qu’il se perd dans son travail, taciturne et solitaire, ses pensées le ramènent sans cesse au jeune homme, au mystère de cette mort qu’il voudrait percer et à la perfection de ses traits qu’il rêve en vain de graver dans le marbre. Mais au cœur de sa tourmente, une révélation se fait jour… Au fil des mois, elle naîtra de ses lectures mais aussi de cette nature exubérante qu’il perçoit finement à travers ses sens d’artiste et de cette grande famille d’hommes simples qui l’entourent. En renouant à leur contact avec des émotions enfouies depuis trop longtemps, Michelangelo va transcender son art et ses œuvres et leur découvrir une vocation nouvelle : insuffler la vie, atteindre la pierre vive. Cette « Pietra viva » qui rend forme aux êtres aimés pour les inscrire dans l’éternité.
Léonor de Recondo nous plonge à travers ce roman au cœur de la tension créatrice et d’un art aux frontières de la vie et de la mort. Avec beaucoup de sensualité, l’auteur, tel un sculpteur talentueux, nous délivre des pages finement ciselées au fil desquelles la poésie brute de la matière se mêle à celle, diffuse et délicate, des œuvres qui nourrissent l’âme.