La vie commence vendredi

Publié le 7 octobre 2019, par Sylvie Hendrickx


Mystère et voyage temporel dans la Roumanie du 19e siècle.

PÂRVULESCU Ioana, La vie commence vendredi, Seuil, 2016

Mis en lumière par le Prix de littérature de l’Union européenne en 2013, ce premier roman d’Ioana Pârvulescu constitue une porte d’entrée réjouissante dans l’œuvre de ce Professeure de littérature à l’Université de Bucarest, reconnue dans son pays pour ses essais sur la vie en Roumanie au 19e siècle. Employant habilement sa matière historique de prédilection, l’auteure nous plonge dans la ville enneigée de Bucarest en 1897, époque particulièrement positive et utopiste de l’histoire de la Roumanie. A la suite de la guerre d’indépendance contre l’Empire Ottoman (1877-1878), la Roumanie connait en effet une période d’importants développements technologiques et de grande effervescence culturelle tournée vers l’Europe occidentale tandis que les habitants de sa très vivante et cosmopolite capitale sont animés d’une foi inédite en un avenir meilleur, aussi imprévisible qu’exaltant ! Dans ce contexte de tous les possibles, un mystérieux inconnu est découvert aux abords de la forêt, perdu et tout à fait ignorant des coutumes locales. S’agit-il d’un malfaiteur, d’un pauvre fou, ou, comme lui-même le prétend, d’un Bucarestois venu d’une époque future et désenchantée ? Tendu autour de cette interrogation, ce roman historico-policier, teinté de fantastique et d’intrigues sentimentales fait alterner, dans un style classique élégant et séduisant, les vies et les voix de protagonistes issus de toutes les strates de la société bucarestoise. Mêlant description classique, articles de presse et confidences de journal intime, ses treize chapitres rythmés nous mène au long de treize journées palpitantes, depuis le vendredi où le mystérieux étranger a fait son apparition jusqu’au soir du Nouvel an, qui cristallise pour les roumains de cette époque les espoirs d’un avenir, encore plein de promesses.