Centre Multimédia de l’Institut Notre-Dame des Champs. Un sacré lieu, cette bibliothèque citoyenne !

Publié le 15 octobre 2014, par Françoise Vanesse


Pousser les portes de cette bibliothèque, c’est découvrir...

Une détermination

Alors qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles, aucun texte ne prévoit l’obligation d’organiser une bibliothèque au sein des écoles, il est très réjouissant de constater que certaines directions s’engagent, sur fonds propres, dans un processus de valorisation de la lecture et des savoirs au sein de leur établissement via l’aménagement d’une bibliothèque digne de ce nom. (1) Tel est le cas de l’Institut Notre-Dame des Champs situé à Uccle qui s’est investi dans la restauration de l’ancienne chapelle de l’école pour y faire éclore, en 1998 et après trois ans de rénovation, un Centre Multimédia aux allures très professionnelles : un lieu de communication voué à la recherche documentaire, à la lecture-plaisir mais également à la rencontre et au dialogue : le tout sous la houlette d’une équipe de quatre bibliothécaires dont Anne-Marie Gasnerie.

Un spectacle éblouissant

Uccle, Institut Notre-Dame des Champs en cette fin d’après-midi de début juillet. Déserté par ses mille élèves depuis quelques jours seulement, le lieu affiche un surprenant silence… C’est précisément cette sensation de quiétude mais également d’importante disponibilité que nous ressentons lorsque nous rencontrons Anne-Marie Gasnerie, bibliothécaire documentaliste qui nous accueille pour la visite du Centre Multimédia de l’école installé dans l’ancienne chapelle de l’Institut. Après avoir, à son invitation, franchi la volée d’escaliers qui nous emmène au premier étage du vaste hall d’entrée de style néo-classique, nous nous approchons de l’imposante porte qui nous sépare encore du Centre Multimédia. Mais la bibliothécaire semble vouloir faire durer le suspens et, la main immobilisée sur la clenche : « Vous êtes prête ? », me dit-elle, amusée ! Lentement la lourde porte s’entrouvre tel un rideau de théâtre et, devant nous, se dévoile un spectacle assez éblouissant il est vrai…

Un espace de transition

Au terme « architecture », préférons celui de « scénographie » ! Car c’est bien cette impression de mise en scène et de recherche de sens que l’on ressent d’emblée en contemplant ce lieu qui évoque incontestablement un majestueux navire. Mais, tout le monde le sait, celui qui souhaite entreprendre une traversée dans de bonnes conditions doit réfléchir au sens qu’il souhaite apporter à son périple, se poser avant l’embarquement... C’est dans cet esprit qu’un espace de transition a été spécialement conçu pour accueillir les élèves avant leur entrée dans la bibliothèque. Premièrement, un pont d’accueil avec, sur votre droite, des casiers pour déposer sacs et vêtements mais aussi, prochainement, tout matériel électronique qui entrave gravement la concentration et peut parasiter le voyage… Deuxièmement, un espace avec deux séries de marches qui, tout en gradation, vous rappellent que vous approchez de l’entrée proprement dite de la bibliothèque et que le silence est à présent de mise. Une fois délesté de tout bagage inutile, vous arrivez, libre comme l’air, face au comptoir de prêt. Quand on admire son volume et ses quatre postes d’accueil, on imagine qu’il a été conçu en fonction du nombre important de demandes croisées auxquelles les quatre bibliothécaires documentalistes doivent faire face en cas d’affluence…

Un dialogue entre mouvement et intériorité

Une fois passé cet endroit de transit, vous voici au cœur même du bâtiment. Face à vous, au centre, un imposant escalier de bois avec ses élégantes passerelles ajourées en aluminium vous invite à accéder au premier étage abritant une partie des collections : quinze mille ouvrages, documentaires, fiction jeunesse et fiction adulte. Ainsi perché sur votre déambulatoire ( assez étroit il est vrai … ), c’est l’occasion de découvrir, à la poupe du navire, un espace très fonctionnel de travail réservé aux classes ; mais aussi deux modules très colorés et conviviaux réservés l’un à la lecture autonome et l’autre au travail pédagogique pour les professeurs. Une dernière volée d’escaliers plus droits vous donne ensuite accès au dernier étage avec sa vue plongeante sur le parc mais également sur tout l’ensemble : sujet au vertige s’abstenir… De retour au rez-de-chaussée, vous vous dirigez vers la proue du vaisseau et, après avoir longé deux très spacieuses tables de travail, vous découvrez un espace comprenant dix postes informatiques en libre accès réservés exclusivement à la recherche pédagogique ( Accès Facebook bloqué) surplombés par une fresque lumineuse et des vitraux d’origine entièrement restaurés. A l’image de la communication, l’architecture du lieu est conçue en fonction d’un subtil dialogue entre mouvements et intériorité, le tout baigné par une importante luminosité due, notamment, aux reflets scintillants des structures métalliques qui parcourent l’espace de part en part et aux larges fenêtres rectangulaires où s’engouffre une clarté abondante et sans réserve. Sans oublier le commun dénominateur de cette harmonieuse orchestration : le souci de rentabilisation maximale et très aboutie de l’espace.

Un lieu sacré

« Chaque matin, quand je pénètre dans la bibliothèque, je me rends compte à quel point j’ai de la chance de travailler dans un endroit aussi beau », nous confie notre hôte. Au fur et à mesure de notre dialogue, nous sommes frappée par le timbre feutré de sa voix à laquelle Anne-Marie Gasnerie semble accorder beaucoup d’importance et ce, en résonnance avec l’esprit du lieu : calme, quiétude, disponibilité : valeurs phares des responsables de ce lieu de savoirs, de connaissances mais aussi d’écoute. « Cette bibliothèque, c’est un peu un lieu sacré, un îlot de sérénité au cœur de la vie parfois turbulente des élèves, poursuit-elle. Ici, on ne crie jamais : s’il y a conflit ou explications qui risquent d’entrainer que le ton monte, on quitte la bibliothèque ».

Une bibliothèque citoyenne

Dès lors, une question s’impose. Cette bibliothèque, est-elle un lieu en dehors de la vie de l’école ? « Oui et non, conclut la bibliothécaire-documentaliste. En effet, ce lieu se veut, dans le monde mais aussi, un peu à l’écart du monde. Dans le monde car c’est une bibliothèque citoyenne où l’on recherche du sens, où l’on peut ne pas être d’accord, où l’on confronte ses idées. Une bibliothèque qui vise l’autonomie et l’indépendance. Ainsi, nous ne faisons pas de fixation sur Internet mais nous invitons les élèves au recoupement de leurs sources et à développer leur autonomie citoyenne. Les journaux sont à leur disposition pour développer leur esprit critique : Le Monde, Le Soir, la LLB, Le Courrier International. Il faut varier les sources c’est vraiment une de nos priorités. Enfin, c’est un lieu en dehors monde car c’est un endroit où l’on ne communique pas sans cesse mais où l’on peut dialoguer sereinement ou s’isoler autour d’un livre… »

Des projets…

Achever la présentation de cet endroit remarquable c’est également évoquer les projets que nourrit l’équipe pour améliorer encore son approche de la lecture avec les jeunes : continuer à s’investir dans les modules de cours bien spécifiques sur la recherche documentaire et le fonctionnement du PMB ( Logiciel de Recherche Documentaire), créer une section spécialisée pour adolescents, installer un fond musical dans l’espace pédagogique et, enfin, améliorer la signalétique car les collections en hauteur sont parfois un peu oubliées… Et c’est bien en évoquant ce terme de hauteur que nous terminerons le portrait de ce Centre Multimédia : porte d’embarquement d’exception pour une navigation au cœur des connaissances et des savoir-être.

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CMM du Centre d’enseignement secondaire libre Notre-Dame des Champs
143, Rue Edith Cavell,
1180 Uccle
02/3745840

(1)Voir les articles suivants. Egalement sur notre site dans les rubriques Portraits et Rencontres.