Bibliothèque communale de Lierneux. Priorité à l’accueil et à la communication

Publié le 19 octobre 2020, par Françoise Vanesse


En route vers la bibliothèque de Lierneux, située au centre de cette commune très étendue de la Haute Ardenne en Province de Liège, connue plus spécifiquement pour son hôpital psychiatrique, le renommé Centre médical Héliporté, mais également pour son patrimoine architectural et naturel ainsi que ses multiples ressources en matière d’activités touristiques. Nous empruntons la route des écoliers en ce début de matinée hivernale avec cette pluie battante qui impacte le débit des cours d’eau de la région dont la Lienne, torrentueuse, qui serpente le long de cette route entièrement réfectionnée et très roulante. Ici, tout paraît vaste et, malgré le mauvais temps, on ne peut rester de marbre devant ces majestueux paysages, extrêmement variés, qui s’étirent à perte de vue et distillent quiétude et authenticité. Dans cette commune touristique qui compte une vingtaine de villages et hameaux disséminés ainsi qu’une importante proportion de la population active travaillant dans des centres éloignés dont le Grand-Duché, mieux vaut miser sur l’importance de la communication et de l’accessibilité. Lierneux, situé à quelques encablures de l’autoroute E25, semble avoir pris en considération ces éléments cruciaux dans l’aménagement de son territoire et dans l’organisation des différents services à la population.

Accueil et accessibilité

C’est précisément cette impression d’accessibilité et de visibilité que nous ressentons en pénétrant au centre de ce village de 3600 habitants où nous accueillent des panneaux nous indiquant le chemin à suivre pour nous rendre à la bibliothèque ! A peine deux minutes plus tard, nous voici dans un agréable parking jouxtant un bâtiment inauguré en 2012, qui allie de façon très harmonieuse patrimoine et modernité, et très bien intégré dans le bâti avoisinant. Dans une perspective de synergie, cet ensemble regroupe les services administratifs de la commune, le CPAS mais également deux pôles aujourd’hui très bien valorisés par la commune : l’office du tourisme et la bibliothèque. Toujours dans ce même esprit de visibilité, nous découvrons une large porte entièrement vitrée qui nous permet, d’emblée, d’apercevoir le rez-de-chaussée de cette nouvelle bibliothèque de deux étages où nous accueille un duo de bibliothécaires, Isabelle Bernier et Marie Servais. Souriantes et remplies d’énergie, elles se veulent, elles aussi, accessibles et accueillantes et nous consacrent le temps nécessaire afin de nous faire découvrir leurs nouveaux locaux, nous présenter leurs missions mais également nous convier à un amusant retour aux sources en nous contant le parcours riche en péripéties de leur bibliothèque. « Bienvenue dans notre bibliothèque des temps modernes ! » déclare en souriant Isabelle.

Un parcours à rebondissements…

Et, en effet, si cette bibliothèque a aujourd’hui la chance de vivre « au rythme de la modernité » et en correspondance avec les exigences décrétales actuelles, il n’en fut pas toujours ainsi. Et Isabelle Bernier, engagée par la commune en 1988 avec douze heures semaine, se remémore avec un franc-parler et un solide sens de l’humour le long chemin parcouru depuis cette époque. Avec tout d’abord, cette petite bibliothèque aménagée à l’étage d’un vieux bâtiment destiné par le passé à loger les enseignants des deux classes primaires communales de Lierneux. Cette bibliothèque vivotait dans un local fort vétuste et peu fonctionnel avec un chauffage pour le moins capricieux. Les collections étant également fort désuètes, il a fallu en priorité les actualiser en retirant notamment des rayonnages tous les ouvrages datant d’avant la deuxième guerre mondiale. Heureusement, quelques années plus tard, la bibliothèque fit un grand bond en avant pour se retrouver dans un bâtiment en meilleur état ! « C’était une amélioration par rapport à notre première étape », souligne en souriant la bibliothécaire, « mais, malgré une meilleure situation et une meilleure visibilité, nos conditions de travail restaient difficiles avec un seul poêle à mazout pour des locaux situés sur deux étages dotés d’un mobilier mal adapté et souvent de récupération  ». Ce qui devait être une étape provisoire dura une quinzaine d’années, un laps de temps qui aurait pu en décourager plus d’un mais c’était sans compter l’importante motivation d’Isabelle. Tous ces éléments permirent à la petite bibliothèque de pouvoir franchir enfin la porte des temps modernes !

Une architecture contemporaine

Pénétrons précisément dans ce nouvel espace à l’architecture, plus que moderne, très contemporaine. Celui-ci se déploie sur deux étages avec, tout d’abord, un rez-de-chaussée de 30 m² qui comporte principalement un accueillant comptoir de prêt ainsi qu’une toute petite partie des collections dont les bandes dessinées pour adultes et les livres en grands caractère. D’emblée, notre regard est attiré par un orange vif sur le mur du fond. Cette teinte distille une belle énergie et atténue judicieusement la présence de barreaux noirs apposés à l’extérieur des huit fenêtres rectangulaires. Heureusement, vu la présence de cette couleur chaleureuse, c’est finalement une impression de respiration qui se dégage de cet espace qui ne bénéficie pas de la pleine lumière naturelle. Nous empruntons ensuite un très agréable escalier qui nous conduit au premier étage où se décline l’essentiel des collections adultes et qui comprend également un espace jeunesse très convivial, organisé et très bien achalandé ainsi qu’un espace confortable réservé à la recherche documentaire. Très heureusement, cette partie de la bibliothèque est baignée par la lumière du jour et, ce, grâce à la présence de hautes et généreuses fenêtres munies de stores occultant. L’agréable espace de 70 m² et le mobilier partiellement amovible offrent à l’équipe de belles latitudes comme l’organisation de spectacles familiaux, de lectures pour les tout-petits, d’animations destinées aux écoles de la commune, etc. Des activités qui fonctionnent visiblement bien mais qui exigent une bonne organisation au vu de l’espace disponible.

Rationalité oblige

Ce souci de rationalisation se ressent en effet aux quatre coins de la bibliothèque qui dispose d’un budget livres très satisfaisant mais, à contrario, ne jouit visiblement pas de l’espace nécessaire pour mettre en valeur l’ensemble de son fonds en constante évolution suite au développement très positif de son lectorat. « Notre nouvelle infrastructure n’a pas bénéficié d’une croissance de superficie suite au nouvel aménagement, regrettent Isabelle et Marie, et notre espace est trop limité. Nous manquons de rangement pour valoriser certaines parties de nos collections ». D’autre part, l’équipe ne bénéficie pas d’un bureau indépendant et de suffisamment d’espaces de rangement. Enfin, si l’emplacement réservé à la recherche documentaire est bien mis en valeur, celui-ci ne dispose pas d’ordinateurs mais ceux-ci sont consultables dans un EPN voisin. Cette exiguïté induit un sens de la méthode et de l’organisation que l’on remarque nettement dans la mise en valeur des collections. En effet, chaque espace libre est rentabilisé, que ce soit avec la présentation de livres sur les très larges appuis de fenêtres ou au-dessus de certaines étagères. Néanmoins, jamais on ne ressent une impression de surcharge car les bibliothécaires veillent manifestement à privilégier une belle circulation, l’accueil et la convivialité : comme par exemple, ce balisage et ces pictogrammes très sympas dans la section jeunesse : le tout fait maison !

Un réseau efficace

De l’importance de la communication, il en est également question avec la mise en place du réseau « Amblève-Lienne » qui regroupe les bibliothèques de Stavelot, Stoumont, Trois-Ponts et Lierneux : un vaste territoire situé au cœur de l’Ardenne en Province de Liège avec des bibliothèques particulièrement éloignées les unes des autres. Très heureusement et au vu de ces implantations particulièrement éclatées, ce réseau a la chance de bénéficier du soutien d’une coordinatrice, Christelle Etienne. Cet engagement est essentiel car il permet d’établir des liens entre les différentes entités, de prendre en charge le prêt inter, de dynamiser les différentes synergies et aussi de venir en appui lors de la mise en place de projets importants comme par exemple la mise en place du logiciel Aleph ou encore en cas de remplacement d’un membre du personnel. « C’est capital pour notre réseau de disposer d’une coordinatrice », souligne Isabelle. Nous venons de finaliser notre rapport de reconnaissance et nous défendons à fond le réseau car, pour nous, c’est vraiment un plus. J’ai travaillé toute seule et isolée pendant des années et ce réseau nous fait gagner un temps considérable et nous apporte une grande motivation. Or, sans coordinatrice, il ne vivrait pas car les distances sont trop importantes ».

Une organisation dynamique

Cette dynamique organisation du réseau se retrouve également sur un plan plus local. En effet, les deux bibliothécaires, engagées chacune à mi-temps, ont instauré une harmonieuse rotation pour diversifier les présences aux permanences et ainsi consolider leur politique d’accueil, emblématique du travail de leur bibliothèque de village qui se veut proche de ses usagers et à leur écoute. « Cette organisation est bien entendu plus compliquée à gérer sur le plan personnel », explique Marie, « mais elle présente de nombreux avantages pour l’accueil des lecteurs. Ainsi, ce n’est pas toujours la même qui reçoit les enfants et ce système nous permet de faciliter l’accueil et la confiance et de favoriser les synergies ».

Une visibilité accrue

Nous retrouvons cette synergie dans la proximité des services communaux. Cette option permet à la bibliothèque de toucher un public qui, jusqu’alors, ne la fréquentait pas, voire même ignorait son existence au vu des anciens locaux qui occupaient une position moins stratégique. Mais, fait original, cette situation centrale induit également une visibilité accrue pour les pouvoirs communaux qui évaluent maintenant de façon plus tangible la quantité de lecteurs qui franchissent les portes de la bibliothèque (reconnue en catégorie 3). « Pour nous qui avons travaillé pendant de nombreuses années un peu dans l’ombre et dans des conditions parfois difficiles matériellement, cette nouvelle visibilité, qui débouche sur une meilleure reconnaissance de notre travail, est une avancée enthousiasmante », concluent les deux bibliothécaires. Et les statistiques le prouvent : 14 000 prêts l’année dernière ! Une réjouissante avancée pour cette équipe très motivée qui, nous l’espérons, aura l’opportunité de bénéficier à l’avenir d’un espace supplémentaire et ainsi d’encore mieux valoriser ses missions et collections.

Bibliothèque communale de Lierneux