Regards croisés sur nos coups de coeur

Derniers fragments d’un long voyage

Publié le 31 juillet 2007, par Gérard Durieux


Un texte de jubilation, de partage et de force dont la brièveté même invite à l’audace de vivre

SINGER Christiane, Derniers fragments d’un long voyage, Albin Michel, 2007

« Seul ce qui brûle ». Son dernier livre, au titre évocateur venait d’être couronné par le Prix de la Langue française (2006). Mais cette « styliste », amoureuse des mots, était avant tout une grande dame, une femme-flamme, passionnée, fraternelle, ardente. Elle avait le don de tout magnifier, le goût et le talent de la rencontre, soucieuse de ne jamais quitter « le fil de la merveille ».

Elle s’en est allée le 14 avril dernier, à l’âge de 64 ans.

Avertie de sa maladie, elle tient pendant six mois le journal de cette traversée. Hymne étincelant à la vie, héritage spirituel émouvant et chaleureux de cette Eloïse de chair et de sang, aimante et combattante, tendre et véhémente à la fois. (Une passion, Albin Michel, 1993).

Il faut lire ligne à ligne ces pages, cris de douleurs et chants de fin silence, émerveillements et murmures d’espérance, mots d’amour et de présence... que l’on se répète inlassablement.

Une vivante qui naît et ne cesse de grandir, face à la souffrance cruelle qui abrase et qui ronge. Un texte de jubilation, de partage et de force dont la brièveté même invite à l’audace de vivre.

Ecrivain et conférencière renommée, Christiane SINGER était femme de foi, sans exclusive et sans frontières. Chrétienne de souche, ouverte à l’Hindouisme, au Bouddhisme, au Judaïsme et à l’Islam mystique, « comme autant de chemins de compassion pour donner forme à l’invisible qui nous fonde ».
Jusqu’au bout, malgré tout, elle aura loué et célébré :
« Je vous le jure. Quand il n’y a plus rien, il n’y a plus que l’Amour. Tous les barrages craquent. C’est la noyade, l’immersion. L’amour n’est pas un sentiment. C’est la substance même de la création ».