Regards croisés sur

Battements d’ailes

Publié le 26 août 2008, par Gérard Durieux


Des pages tendres, légères et rayonnantes qui dévoilent un décor peuplé de personnages fantaisistes et touchants, à la recherche du bonheur.

AGUS Milena, Battements d’ailes, Liana Levi, 2008

L’année dernière, l’enthousiaste bouche à oreille de milliers de lecteurs a plébiscité deux livres de qualité L’élégance du hérisson de Muriel Barbery et Mal de pierres de Milena AGUS, romancière sarde.
Son premier roman traduit en français, sensible et envoûtant, révélait le talent original de cette enseignante de Cagliari. Un premier joyau, « une miniature », qui en laissait espérer d’autres.

Battements d’ailes ne déçoit pas. Il confirme au contraire le style, l’univers singulier, étrange et fascinant de cette « insulaire qui écrit ».

Une narratrice de quatorze ans nous conte l’histoire de
« Madame » : la cinquantaine, extravagante, rêveuse ou dérangée, elle tient une maison d’hôtes posée au cœur du maquis méditerranéen, face à la mer. Branchée rites et magie, elle prend soin de tous en rêvant de Paris et d’amour au fil de ses amants. Rebelle aussi, car refusant de vendre aux promoteurs rapaces qui convoitent ses terres d’odeurs et de couleurs...

Autour d’elle qui fuit la solitude, un petit monde simple et authentique de personnages attachants : un grand-père anticonformiste, une spécialiste de Leibniz, des voisins cathos, un jeune musicien de jazz clandestin, un gosse qui tutoie Dieu ... Le roman nous immerge par touches dans cet univers de douce folie, entre miracle et poésie. « Car sans magie, la vie a un goût d’épouvante ».

Pourtant, quand le docteur Giovanni épouse « Madame », le bonheur est si grand qu’il en devient intolérable. Redevenue « Agnese » dans ce meilleur des mondes possibles, Madame s’inquiète : ne vaudrait-il pas mieux en finir avant que ne s’achève ce bonheur tant désiré ... ?

Mais, une fois encore, veillent les mystérieuses présences bienveillantes qui guident, de leurs étranges battements d’ailes, tout ce petit monde vers ce fameux bonheur !

Il est bien vrai, Milena, comme vous le dites, que
« les écrivains sauvent les créatures de leurs limitations ». Vos pages sont pleines de mots tendres et fous qui chantent et sauvent la vie... On adore et on attend votre prochain roman.

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