Son odeur après la pluie

Publié le 31 mars, par Chloé Geron


Cédric Sapin-Defour, Son odeur après la pluie, Le Livre de Poche, 2024

Qui n’a jamais partagé le quotidien d’un animal de compagnie ignore de quoi il s’agit. Pour eux comme pour les autres, le dernier livre de Cédric Sapin-Defour offrira cependant une parenthèse attendrissante et drôle de ce que peut être la rencontre de deux êtres que rien ou tout prédestinait. L’auteur et journaliste français, connu pour ses ouvrages sur l’alpinisme, change brillamment de registre en offrant un émouvant hommage, récompensé par le Prix littéraire 30 Millions d’Amis, à celui qui fut son âme-sœur canine. En trois parties (avant, avec et sans lui), il retrace les presque quatorze années de vie commune qu’il a savourée avec le fièrement baptisé Ubac. D’une écriture à la fois philosophique et légère, qui finit par nous charmer, il évoque, au gré des jours ordinaires changés en aventures par son bouvier bernois, les paradoxes et absurdités humaines en matière de rapport au temps et aux choses ou de relations aux autres, celles qui naissent ou qui se défont, avec des amis ou ennemis des animaux. Il salue notamment ces êtres curieux, les vétérinaires, qui prennent soin de nos bêtes, et qui, tour à tour, déclenchent nos apaisements ou nos angoisses. Aux côtés de son chien, il réapprend le goût du moment présent, la puissance des sens, la simplicité des interactions, le bonheur simple d’apprécier ce qui est vivant. Mais à sa disparition, lorsque le manque inévitable de sa boussole à poils ouvre un trou béant de souffrance que trop peu de personnes comprennent ou admettent, il manque d’oublier tous ces sages enseignements. La perte de cet être qu’il « n’avait pas tout à fait fini d’aimer » le plonge dans un désarroi total jusqu’à ce que les tendres souvenirs dont son odeur inimitable, viennent combler et sublimer, à la manière du kintsugi japonais, les fissures provoquées par son départ. Une poésie touchante adressée directement à son compagnon à quatre pattes jusque dans ces derniers chapitres et dont les mots justes ne manqueront pas de faire écho dans les cœurs gonflés d’amour par le passage éphémère de ces âmes dans nos vies (par trop souvent ?) strictement humaines…