L’Odyssée du sacré

Publié le 6 janvier, par Chloé Geron


Frédéric Lenoir, L’Odyssée du sacré, Albin Michel, 2023

Très tôt, l’être humain a développé des croyances et entrepris de vivre des formes de spiritualité qui sont devenues, pour certaines, des religions et ont perduré jusqu’à nos jours. Comment sont-elles nées ? Quels ponts peut-on jeter entre elles ? Frédéric Lenoir, écrivain et philosophe reconnu pour ces ouvrages en matière de spiritualité - près de nonante livres ! – nous offre en point d’orgue sa remarquable Odyssée du sacré. Ce projet au long cours nous emmène des premières traces archéologiques interprétées comme témoignages de sacralité au développement des plus récentes conceptions de spiritualité. Cette vaste fresque historique qui comble presque les trois quarts de l’essai se lit non comme un manuel scolaire, mais plutôt tel un grand récit d’aventures, celle de la spiritualité humaine. Mais pourquoi l’Homme a-t-il développé le sentiment du sacré ? La synthèse que nous livre ensuite Lenoir est le fruit de longues années d’études qui l’ont amené à s’imprégner de théories à la confluence de la philosophie, de la psychologie, de la sociologie, des neurosciences et de l’Histoire. De la prédisposition neuronale à l’équilibre psychique, la croyance relève également d’une morale, cadre de cohésion de groupements dont les membres se reconnaissent à travers des rites apaisants et un besoin fondamental de sens qui caractérise chaque être humain. Pour répondre au cinquième grand tournant anthropologique et sociétal identifié par l’auteur comme résultant des trois mutations majeures que sont la crise écologique planétaire, le monde connecté et le projet transhumaniste, Frédéric Lenoir propose une troisième voie de compréhension transdisciplinaire qui dépasse le dualisme « foi et raison ». Il appelle à un temps de la réconciliation avec soi, avec les autres et l’ensemble du vivant qui n’est pas sans rappeler les mouvements d’écospiritualité et les revendications qui mobilisent nos sociétés, portées en partie par les jeunes générations qui auront à habiter le monde de demain.