Publié le 6 janvier, par
De l’illustratrice française Marion Fayolle, on connaissait jusqu’ici surtout les dessins délicats et d’une grande force narrative. Ainsi, son roman graphique Les amours suspendues (éditions Magnani, 2017) a été primé au Festival d’Angoulême. Elle nous livre ici son premier roman, récompensé par le prix Marcel Pagnol. Rendant hommage avec beaucoup de délicatesse et de nostalgie à ses racines familiales et aux paysages immuables qui l’ont façonnée, Du même bois évoque également, avec une portée plus universelle, un monde rural en voie de disparition et la difficulté pour les jeunes de s’écarter du chemin tout tracé par les anciens. Nous voici donc en Ardèche, dans cette ferme où les mêmes gestes se répètent, de générations en générations, au rythme des saisons. Les tempéraments âpres et rudes comme les paysages, volontiers taiseux débordent également d’une humanité généreuse. À sa façon simple, directe, parfois crue, par petites touches et courts chapitres, tantôt drôles et légers, tristes ou dramatiques, Marion Fayolle plonge à bras-le-corps dans une paysannerie qui s’éteint. À l’heure où de jeunes citadins rêvent ou entreprennent un retour à la terre, Marion Fayolle explore la dualité qui habite ceux qui veulent la quitter, malgré leur attachement profond, pour explorer leur propre devenir. Collant au plus près de ce monde où les jeunes apprennent les choses de la vie en observant les bêtes, l’autrice met, cette fois, ses talents de dessinatrice au service des mots avec une démarche presque naturaliste tout autant que poétique pour questionner le poids de l’hérédité. Car ce n’est pas seulement de la terre, d’une ferme dont hérite la petite dernière autour de laquelle se centre le récit, mais aussi des bêtes qui broutent et de celles qui trottent dans la tête, envahissent le quotidien et contre lesquelles elle doit lutter. Quelle place lui reste-t-il, se demande-t-elle, pour mener sa propre histoire, sculpter son être à partir de ce « même bois » ? Nommés par des noms génériques : la mémé, l’oncle, le gosse, la gamine…, les personnages croqués revêtent un caractère universel racontant les liens entre générations, le rapport au temps, aux paysages et aux bêtes, tout un monde rattrapé par la mort et la modernité.
Un roman court et intense, un vrai coup de cœur !
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