Se former pour mieux coopérer !

Publié le 11 avril 2018, par Françoise Vanesse, Sylvie Hendrickx


Sensibiliser les bibliothécaires à la démarche de coopération par le biais du jeu, observer et analyser dans une perspective constructive les mécanismes de fonctionnement qui émergent de cette expérience et enfin plancher sur les pistes de coopération envisageables au sein d’une équipe professionnelle ou pour le travail d’animation : tels furent les objectifs de ces deux journées de formation proposées par l’association professionnelle de bibliothécaires, FIBBC, en partenariat avec l’association BAO-Jeunesse.

Aujourd’hui, les missions des bibliothécaires sont plurielles et sollicitent des ressources personnelles liées, certes, à leur intégration dans leur équipe professionnelle mais aussi à la diversification des approches exigée par le contact avec des publics de plus en plus variés. Or, trouver sa place dans un groupe, développer avec les autres des relations harmonieuses, coopérer et pouvoir élaborer un projet commun, tout cela procède d’un cheminement ! Celui-ci est loin d’être évident car il fait appel à une prise de conscience de notre fonctionnement personnel et de la façon dont nous l’intégrons dans notre rapport aux autres. Consciente de l’intérêt de cet enjeu et afin d’y répondre dans une perspective d’accompagnement constructif, notre association professionnelle de bibliothécaires a programmé les 12 et 19 février derniers une formation axée sur l’expérimentation des richesses du jeu de coopération comme outil au service du développement personnel et de la dynamique d’équipe. En expérimentant différents modules d’animation, en jouant ensemble et en analysant les situations de jeu et de relations dans le groupe, les participants à ces journées ont pu s’interroger sur leurs propres modes de fonctionnement mais aussi découvrir différents outils d’animations et d’éducation originaux à vivre ensuite dans leur milieu professionnel.

Pour rencontrer ces objectifs, la FIBBC s’est tournée vers BAO-Jeunesse, association reconnue par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose une éducation à la citoyenneté active, critique et solidaire via le développement de la coopération par la pédagogie du jeu. Dans les lignes qui suivent, vous pourrez prendre connaissance de l’orientation et du bilan de ces deux journées encadrées par Hélène Picquot et Anne-Claire Delmelle, animatrices pour cette association.

Ce module de formation s’est articulé autour de différentes orientations

Un parcours en sept étapes-clés

L’association BAO-Jeunesse a défini sept étapes comme étant essentielles à une véritable démarche de coopération. Au cours de cette formation, les participants ont été invités à parcourir ensemble chacune de ces étapes par le biais d’activités ludiques valorisant l’entraide et la solidarité plutôt que les notions de compétition et de concurrence.

Des bouquets de mots réflexifs

L’expérimentation de chacune de ces étapes a été suivie d’un temps de partage et de réflexion autour du ressenti des participants mais aussi des ressources qu’ils ont dû mobiliser pour atteindre leur objectif de coopération. Par divers procédés ludiques, les animatrices font ainsi jaillir pour chaque étape-clé une synthèse sous forme de bouquets de mots ! Ainsi, à l’issue de la formation, les participants résument le vécu de ces deux journées par les termes : LUDIQUE, DECOUVERTES, UTILE, EXPERIMENTATION, OUTILS, JOUER, VIVIFIANT.

Créer un esprit dynamique pour aller vers l’autre et s’enrichir

Les animatrices font découvrir aux participants une série d’activités simples permettant de se découvrir des points communs insoupçonnés et de renforcer ainsi le sentiment d’appartenance. Ce dernier est en effet essentiel pour nourrir l’implication et l’intérêt de toute équipe ou partenaires au sein d’un projet coopératif. Les animatrices soulignent à cette occasion l’intérêt de jeux qui créent des ouvertures vers les personnes mises à l’écart, au sein d’un groupe-classe par exemple.

Se mettre en mouvement

Au cours de cette formation, la mobilité physique se révèle elle aussi très importante. Celle-ci permet d’instaurer une dynamique du jeu capitale mais aussi de supprimer la tentation pour certains de rester groupés. Les participants ont ainsi été surpris de constater à quel point quelques jeux dynamiques permettent d’instaurer une atmosphère différente, plus ouverte et positive, ainsi qu’une cohésion forte dans le groupe.

Valoriser nos compétences

Les jeux proposés par les animatrices permettent en outre de découvrir les autres à travers leurs qualités et compétences. Il s’agit là d’une étape primordiale car développer un projet commun nécessite de pouvoir s’appuyer sur les atouts de chacun et donc de les reconnaître. Les participants et les formatrices réfléchissent ensemble aux petites stratégies (arbre à compétences, boite de communication…) à mettre en place entre collègues pour, de manière très simple, se valoriser davantage les uns et les autres.

Conscientiser le groupe à la communication verbale et non verbale

L’ensemble de ces activités mettent en avant l’importance de l’écoute attentive mais aussi la nécessité de recourir à différents modes de communication, verbal ou non, lorsque l’on s’adresse à un groupe ou des partenaires. Pour expérimenter cette réalité de manière concrète, les animatrices proposent plusieurs jeux qui privent certains participants d’un de leur sens (bandeau sur les yeux, casque sur les oreilles…) et les placent dans une situation où l’entraide est essentielle. Dans un tel contexte, les participants sont amenés à mettre en place différents modes de communication efficaces tout en étant particulièrement attentifs aux autres.

Expérimenter la coopération

A travers l’évocation et le partage de différents projets vécus par les participants, le groupe réfléchit à la notion de coopération et à ses implications concrètes. Au terme du chemin parcouru, les animatrices et les participants envisagent les pistes à mettre en place au sein de leurs équipes de bibliothécaires pour une meilleure coopération. Notons qu’il ne s’agit pas ici de donner des solutions clés sur porte à des projets concrets mais bien d’éveiller à une façon de fonctionner ensemble permettant de mettre à plat des objectifs communs. Une réunion peut par exemple s’organiser de façon ludique pour permettre à chacun d’aller plus loin en ayant envie de coopérer. Des objectifs peuvent ainsi être rencontrés au moyen d’une dynamique différente qui privilégie l’imagination, l’écoute et le respect mutuel.

Conclusion

Au cours de ces journées, les participants sont conscientisés à l’importance d’introduire la dimension ludique dans leur milieu professionnel car celle-ci permet de tisser des rapports éclairants avec ses collègues pour mieux les connaître ou mieux intégrer notre comportement personnel en groupe. Au vu des différentes notions abordées, certains imaginent les propositions simples qu’ils pourraient mettre en pratique pour améliorer, par exemple, le déroulement d’une réunion ou un projet existant afin de les faire évoluer vers une meilleure coopération. D’autres soulignent l’importance d’être venus en équipe car les transpositions sont bien utiles. Enfin certains s’interrogent sur la façon de rallier des collègues récalcitrants au jeu…
Comme tous les projets mobilisants, la coopération est un chemin auquel il faut croire. La participation à ces journées étant un premier pas qui nécessitera de continuer à "entretenir la flamme" mais une ouverture est d’ores et déjà effectuée... Il reste à chacun, comme le concluent les animatrices, "à continuer à faire des petits pas, que ce soit sur un plan personnel ou institutionnel."