Mystérieux Noël...

Publié le 17 décembre 2004, par Françoise Vanesse


Chaque année, alors que nous sommes plongés au cœur de la période la plus sombre de l’hiver, la fête de Noël renaît tel un soleil au milieu de la nuit. C’est alors qu’insensiblement nous accomplissons une multitude de gestes et de rites devenus au fil du temps si familiers que nous en oublions peut-être leur signification.
Quelles sont les origines de la fête de Noël, quels symboles s’enracinent dans la décoration de nos sapins et depuis quand cette fête éclaire-t-elle la grande nuit de l’hiver ?

Saviez-vous que la fête de la naissance de Jésus était totalement étrangère des préoccupations des premiers chrétiens ? Ceux-ci ne se souciaient en effet aucunement de fêter sa venue sur terre. Etonnant, quand on sait qu’il s’agit aujourd’hui d’une des fêtes les plus populaires du calendrier liturgique.
Peut-être ! Mais voilà, fêter le jour d’anniversaire rappelle à cette époque une coutume païenne. L’exemple, vous l’avez compris, n’est pas à suivre !
Si non seulement il n’est pas à la mode de fêter alors le « natalis dies » (qui donnera l’expression « Noël »), il est encore moins question de faire correspondre à cet événement une date particulière, pas plus le 25 décembre qu’un autre jour. Celle-ci n’apparaît pas dans les Evangiles qui ne permettent d’ailleurs aucune affirmation rigoureuse et historique sur le choix d’une date précise concernant la naissance du Christ.
Mauvais départ, pour ce conte de Noël !
Mais, rassurez-vous, les choses allaient évoluer...

Noël, le 6 janvier ?

Dessin de Lucie

Ainsi, à partir du IVème siècle, les mentalités changent. Aussi, pour des raisons encore mal déterminées, décide-t-on de fêter la venue de Jésus sur terre. Nulle indication ne permettant de fixer un jour avec précision, on décide de déterminer cette commémoration au 6 janvier : date à laquelle on fêtait alors le baptême du Christ. Et ce fut donc dans la nuit du 5 au 6 janvier que l’on commémorait l’événement.

Le fait qu’à partir du 6 janvier, les jours commencent à allonger plus nettement n’est certes pas étranger au choix de cette date. En effet, le Christ n’est-il pas cette lumière qui jaillit des ténèbres ?

Mais pourquoi avoir alors par la suite choisi la date du 25 décembre ? Sur ce sujet, le mystère reste entier même si certaines hypothèses ont vu le jour. Parmi celles-ci, la plus plausible semble sans aucun doute l’hypothèse selon laquelle les chrétiens auraient voulu, en instaurant le 25 décembre jour de naissance du christ, supplanter la fête du soleil se déroulant, le même jour. En effet, le culte païen voué au soleil était toujours très bien implanté à cette époque. Cette réjouissance en l’honneur du « Sol invictus » (Soleil invaincu) donnait lieu à de grandes réjouissances et à des jeux solennels. Jésus étant également « Lumière », on décida de désigner ce jour comme jour de fête de sa naissance.

Dessin de Cyril

Alors, le soleil faisait-il de l’ombre au culte chrétien ? Ceux-ci redoutaient-ils de voir leur culte s’éclipser ? La lumière reste à faire... Mais toujours est-il que l’histoire est là pour prouver que, dans ce combat très pacifique, ce fut Jésus qui l’emporta !

L’arbre du paradis

Dessin de Moya

Les origines de notre sapin de Noël s’enracinent quant à elles dans notre Moyen-Age, à une époque où la fête de Noël avait acquis définitivement ses lettres de noblesse.
Lors de la nuit sainte, se déroulaient sur le parvis des églises, des scènes du Paradis. Celles-ci se déroulaient le 24 décembre. Y étaient représentés Adam et Eve, le diable, le chérubin et, dans le décor, l’arbre.

Dessin de Laura
Dessin de Maryse
Dessin de Clément

Certes, pas notre arbre de Noël, tel que nous le connaissons aujourd’hui c’est-à-dire le sapin. Mais chaque région opta dans ces représentations pour une sorte d’arbre qui lui était familière. Comme il n’était pas aisé de trouver un arbre en forme (comprenez en feuille) le 24 décembre, ce fut le sapin qui s’implanta ! On lui accrocha ensuite des pommes, symboles du péché expié par l’incarnation du Christ. Et voilà notre sapin de Noël prêt à gravir les longues marches des siècles, à évoluer et à s’imprégner des modes du temps...

Dessin de Jeanne

Et en effet, le statut de l’arbre de Noël ne cessa de se modifier. Les décorations changèrent et les pommes durent vite partager les branches du sapin avec d’autres éléments.
Les hosties côtoyèrent d’abord le fruit défendu. « L’hostie », écrit Oscar Cullmann dans son livre consacré aux origines historiques de la fête de Noël, « donne au sapin une dimension religieuse et chrétienne supplémentaire : vis-à-vis de la pomme, qui conduisit l’homme à la mort, se trouve l’hostie, le pain dispensateur de vie, mais il s’agit du pain eucharistique, du corps du christ, qui a été offert pour le pardon des péchés » (1).
Celles-ci durent ensuite faire place à des gâteaux, roses découpées dans du papier d’or et petits morceaux de sucre.

Il fallut attendre le XVIIIème siècle pour voir l’apparition des bougies et des arbres parés de lumière. Les boules de verre supplantèrent ensuite la décoration plus naturelle.

Tous les pays n’adoptèrent pas avec la même unanimité la coutume de l’arbre de Noël. En Allemagne, on peut dire qu’au XVIIIème siècle la mode était déjà très populaire mais dans d’autres pays, il fallut attendre le XIXème siècle pour que la coutume s’imposa.

Remerciements aux enfants des classes de Mme Josette et Mme Patricia ( Ecole fondamentale Don Bosco à Liège) et aux élèves de Mme Nicole de l’Ecole du Sacré-Coeur à Statte (Huy) pour leurs beaux "dessins-cadeaux" de Noël...

Dessin d’Alexandre

Orientation bibliographique :

« Le temps de Noël », Editions « Tradition Wallonne », 1992

Oscar CULMANN, "La nativité et l’arbre de Noël", Les origines historiques, Cerf, 1993.
(1) Ibidem, pp. 85-86