Mort aux cons

Regards croisés sur nos coups de coeur

Publié le 24 août 2009, par Gérard Durieux


Un texte de fiction, drôle et très intelligent qui amuse, fait sourire et inquiète aussi parfois !

ADERHOLD Carl, Mort aux cons, Hachette, 2007

« Je compte à mon actif cent quarante assassinats de cons ». Engagé (presque) malgré lui par le chat d’une voisine dans un combat à mort contre tous les cons qu’il croise et élimine selon une stratégie de plus en plus raffinée, le « je » narrateur, trentenaire fauché, égrène ses forfaits. Coulée inexorable et jouissive de meurtres compulsifs ; énumération à la Prévert : un chauffard, un éditeur, une collègue pinailleuse, une épouse, une autre épouse, un fonctionnaire, une arrogante, un politicien véreux, un con blagueur, un psychanalyste... Une véritable entreprise de salut public.

Jusqu’au jour où le commissaire Marie s’intéresse à lui... pour l’aider à parfaire sa théorie à prétention philosophique. Ensemble, à force de listes, de classifications délirantes et de réflexions pointues sur la connerie, ils en viennent à penser que seule la peur peut les neutraliser. Et de rédiger un manifeste qui mettrait au jour les agissements des cons. Sa publication par les journaux entrainerait automatiquement l’arrêt de son entreprise d’éradication... Sa croisade pour la paix aurait ainsi atteint son but. Mais je ne serai pas assez c... pour vous dévoiler la finale.

D’accord, dit comme cela, un tel pavé ne mériterait même pas un coup d’œil. Mais ce texte de fiction, drôle sous son allure sérieuse, est bougrement intelligent, brillant incisif et grinçant. On sourit, on s’amuse, on s’inquiète. Car le trait finit par déranger jusqu’au malaise. Impossible de ne pas se regarder, se reconnaître un peu, beaucoup, à la folie... la connerie n’épargnant personne, surtout pas ceux qui s’en croient protégés.

Alors, foin de superbe ou de honte : dans la perspective de quelques heures de plaisir puéril, pour prendre distance avec nos petites révoltes quotidiennes ou en vue d’une bonne cure de lucidité, glissez donc ce livre dans la valise des vacances, à l’abri des regards indiscrets... Vos partenaires de « farniente » pourraient s’en offusquer !