Menus propos de rentrée...


En ce mois de septembre, les traditionnels propos de rentrée se suivent et, d’une certaine manière, se ressemblent : mise au point, actualisation des agendas et des priorités, déclarations d’intention. Malgré ce caractère un peu conventionnel, il nous a semblé intéressant de ne pas déroger à la règle et de profiter de l’instant pour tenter de rappeler quelques-uns de nos espoirs et de nos inquiétudes par rapport au domaine qui nous tient à cœur : la Lecture publique.

Les cours de récréation, après deux mois de silence, se sont remises à bourdonner de joyeux cris. L’enseignement est, traditionnellement, au coeur de ces propos de rentrée. Votre Biblirama a donc un numéro « bonus », annonciateur du salon du livre et de la jeunesse à Namur d’octobre prochain. Il se fait le relais des animations de Françoise Vanesse vers le public du fondamental. Sous le thème « Rencontres », vous découvrirez le véritable feu d’artifice de jeux d’écriture, de créativité sur la langue française, rien que pour le plaisir... La FIBBC considère ce travail avec les jeunes comme capital. Notre fédération ne se permet pas de considérer les enfants des écoles, dans leur relation avec la bibliothèque, comme un public captif à qui l’on peut faire tout passer. Elle estime, au contraire, qu’il y a un véritable enjeu à investir dans la construction de relations privilégiées entre les jeunes et l’écrit, que la bibliothèque publique doit leur apparaître comme un phare au coeur de leur vie future : l’endroit par excellence de l’information citoyenne de qualité, de toute l’information... C’est pourquoi nous ne pouvons qu’être inquiets sur la façon dont est en train de se mettre en place de décret « Culture-Ecoles » : les représentants des bibliothèques publiques sont exclus des comités de sélection de projets et, d’après ce qui nous revient, malgré plusieurs réunions, les dossiers d’animations proposées par les bibliothèques et les fédérations n’ont toujours pas été examinés. Les autres secteurs culturels de la communauté ne semblent pas être affectés par le même phénomène. Dommage d’être atteint de cécité et de perdre de vue un partenariat aussi naturel qu’écoles et les bibliothèques : manifestement le « lobbying » est plus fort ailleurs...

Les élections communales sont aussi toutes proches. C’est le moment de se souvenir que la commune a un rôle essentiel dans l’accès de toutes et de tous à l’écrit au départ du service public de la lecture. Tous les partenaires le constituant doivent être pris à égale considération. Rappelons que 17,5% des réseaux sont constitués de bibliothèques de droit privé. Il nous apparaît incontestable que la Commune se doit d’assister d’une même manière les bibliothèques dont elle est pouvoir organisateur et les partenaires qui se sont investis dans une action de Lecture publique. À ce sujet, une dérive mérite d’être signalée : nous avons assisté récemment, dans le cadre des droits d’auteur sur le prêt, à des décisions d’intervention de certaines communes pour les seules bibliothèques dont elle sont « pouvoir organisateur » laissant aux bibliothèques de droit privé le soin de se débrouiller. Nous ne pouvons accepter une telle discrimination entre les citoyens et nous l’avons fait déploré où il le fallait. Information complémentaire sur les droits d’auteur sur le prêt : vous devez savoir que la Communauté française a, enfin, signé une convention avec les sociétés d’auteurs pour les années 2004 à 2007 qui a pour conséquence que d’ici quelques semaines (... après les élections !) chaque bibliothèque recevra une invitation à payer ce qui est dû pour l’année 2005. Une seconde facture pour l’année 2006 devrait suivre quelques mois après. Cela promet une joyeuse pagaille financière...

Un autre niveau de pouvoir, le gouvernement fédéral, s’est occupé, au début des vacances, du volontariat. Les premières mesures entrent en application dès maintenant. Si l’on peut se réjouir d’une opération qui vise à combler un vide juridique, on ne peut que se poser des questions sur la même responsabilité juridique générée par un volontaire et un travailleur rémunéré par l’association. Nous vous présentons rapidement les changements intervenus dans ce numéro et les formalités à accomplir dès à présent. Bien entendu, nous nous engageons à consacrer à cet important dossier des pistes complémentaires de réflexion dans le prochain BIBLIRAMA.

En Communauté française, une négociation vient de reprendre entre les partenaires sociaux sur la modification du décret emploi. Ce dossier, qui a fait l’objet d’un accord de principe en juin 2006 avec le Gouvernement, est un véritable enjeu pour les bibliothèques de droit privé. La FIBBC est associée à la réflexion. L’agenda prévoit l’examen des nouveaux textes par le Parlement de la Communauté dès le mois de décembre 2006 et une application des nouvelles dispositions en 2007. Nous serons particulièrement vigilants dans ce dossier qui doit se traduire par une égalité complète de traitement entre les bibliothèques publiques de droit privé et les autres secteurs de la Communauté française.
Deuxième sujet nécessitant toute notre attention : la révision de la législation sur la lecture publique. Mme la Ministre Laanan a annoncé le début de ces grands chantiers. Elle a demandé au Conseil supérieur des bibliothèques une réflexion préliminaire sur ce thème. Le « brainstorming » a été lancé avec plus de 220 bibliothécaires à la toute dernière journée organisée à La Marlagne. Cette livraison de Biblirama fait d’ailleurs état de ce qui s’est passé ce jour-là. Tous ensemble, nous sommes donc en train de construire ce que seront les bibliothèques de demain en Communauté française. Dans cette réflexion, nous devrons assurer un difficile équilibre entre réalisme et créativité.
Troisième grand dossier : la modification des Conseils d’avis. Le Moniteur belge de ce 27 septembre 2006 (date hautement symbolique !) publie l’arrêté initiant la mise en place de nouvelles structures. Le calendrier court à partir de cette date. Le nombre de représentants siégeant dans ce conseil sera considérablement réduit : il faudra donc veiller à ce qu’on y trouve une représentation correcte des bibliothèques de droit privé. Notre fédération y sera attentive.
Le « pacte associatif » fait aussi l’objet actuellement de concertations du Gouvernement. Par le biais de la CESSOC notre fédération veillera à ce que la particularité des bibliothèques de droit privé ne soit pas oubliée. C’est un dossier important que nous aborderons prochainement ici-même.

Au niveau de notre ASBL également, des changements sont en cours. De nouveaux membres ont accepté de rejoindre notre Conseil d’administration. De nouveaux volontaires vont s’intégrer dans notre équipe. Nous vous présenterons prochainement ceux qui nous ont rejoint dans notre combat au service des bibliothèques.

Ces quelques propos vous auront permis de le constater par vous-même : tout porte à croire que cette fin d’année 2006 sera particulièrement importante pour la Lecture publique. Une rentrée en force en quelque sorte...

Jean-Michel DEFAWE

Président