La préférence pour l’inégalité

Publié le 15 décembre 2015, par Sylvie Hendrickx


Une analyse éclairante de notre rapport aux inégalités qui esquisse les assises d’une solidarité nouvelle.

DUBET François, La préférence pour l’inégalité, Seuil, 2014

Justice sociale, égalité des chances… Nos sociétés démocratiques semblent plus que jamais attachées à ces valeurs. Et pourtant, très paradoxalement, l’Europe connait un véritable retour en force des inégalités et un sentiment de discrimination croissant parmi ses populations. C’est sur cet interpellant constat mais aussi notre part de responsabilités dans cette situation que se penche le sociologue François Dubet. Cessons, clame-t-il, de nous déculpabiliser en imputant uniquement la montée des inégalités à la crise économique mondiale ou à des causes sur lesquelles nous n’avons aucune prise ! Car, pour l’auteur, la situation est aussi le fruit de nos attitudes individuelles et de nos choix de vie qui entretiennent les clivages sociaux et nous conduisent à faire endosser les risques de l’insécurité ambiante aux catégories sociales déjà les plus précarisées. Outre l’analyse de ces mécanismes sociaux, François Dubet décrypte les discours par lesquels nous parvenons à justifier cette profonde crise des solidarités, malgré nos beaux principes d’équité, tant que celle-ci touche l’Autre, l’étranger, celui dans lequel nous ne nous reconnaissons pas. Selon lui, il est urgent de redévelopper « un imaginaire de la fraternité » entre les citoyens. Tâche difficile au cœur de sociétés dorénavant plurielles : qu’est-ce qui nous rend suffisamment semblables pour désirer véritablement - mais aussi activement ! - l’égalité pour tous ? Au travers de cet exercice délicat visant à identifier des piliers suffisamment solides pour assoir de nouvelles formes de solidarité, l’auteur nous ramène au cœur même de notre condition humaine. Un essai bref, accessible et percutant.