Regards croisés sur les bords de mères...

Tout homme est homme.

Publié le 18 janvier 2007, par Gérard Durieux


La journaliste Laurence Lacour meurtrie au plus profond d’elle-même par le rôle qu’elle joua, malgré elle, au cœur de « L’affaire Villemin » nous livre ici la narration d’un cheminement douloureux vers l’enfantement.

LACOUR Laurence, Jendia, jendé. Tout homme est homme, Bayard, 2003

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16 octobre 84. Une modeste famille de Lépanges, petit village au coeur de la forêt vosgienne, va être emportée dans la tourmente infernale d’un désastre humain, juridique et médiatique. Le petit Grégory vient d’y être assassiné.

Commence pour longtemps « L’affaire Villemin » : feuilleton nauséeux qui va broyer une famille entière. Christine, la mère de l’enfant, est soupçonnée du meurtre de son propre fils. Désignée à la vindicte populaire comme « Le monstre de la Vologne ».

Laurence Lacour est alors « reporter » à Europe 1. Cet événement, elle le couvrira emportée par les lois impératives de la concurrence médiatique.

Mais s’ensuit ensuite la culpabilité sur le rôle qu’elle joua, malgré elle, dans cette affaire. Après cinq ans de recherche sur cette histoire abominable, par respect pour un enfant, son père et sa mère et pour la paix de sa conscience, elle publie « Le bûcher des innocents ».

Mais sa réflexion ira plus loin encore quand la femme en elle se rend compte qu’elle se sent étrangère à toute idée d’enfantement et ce, malgré un profond désir.
Un matin, lasse de souffrances et de remords, elle se donne toute entière à un paysage qu’elle espère salvateur. Et prend la route... vers Compostelle.

C’est le récit singulier de ce chemin qu’elle nous propose ici. « J’ai compris aujourd’hui que je m’étais inconsciemment mise dans cette impasse pour me punir de mon rôle dans l’affaire Grégory, de l’avortement (de Marion) et de la mort de l’enfant malienne renversée par notre véhicule au Dakar ».

Ce texte, de belle écriture, délaisse la chronique et nous invite à vivre au rythme des pas de cette femme ardente et droite sur le chemin de soi et sur les traces de cet enfant absent.

« Saint-Jacques , c’est l’enfant » lui avait dit un pèlerin lors d’une halte.
Après avoir atteint le bout du Chemin, au terme de la fatigue et de « soi » , Laurence Lacour pose enfin son fardeau pour commencer à vivre et... à imaginer pouvoir donner vie.